Le Mexique: Quel dommage!

Édité par Tania Hernández
2017-05-17 13:28:46

Pinterest
Telegram
Linkedin
WhatsApp

Par Guillermo Alvarado

Le gouvernement du président mexicain Enrique Peña Nieto, a exprimé son mécontentement au sujet de la publication d'un rapport de l'Institut International des Études stratégiques, qui souligne que ce pays a occupé en 2016 la seconde position au monde pour ce qui est du nombre d'assassinats avec un total de 23 000. La plupart d'entre eux sont liés au narcotrafic.

Un communiqué de l'exécutif, diffusé le 10 mai a assuré que ce pays “est loin d'être l'un des plus violents au monde”. Cependant la réalité s'est chargée ce même jour, de démontrer le contraire. Les plus récents événements sont venus confirmer la tragique vague de morts qui ravage ce pays.

Justement lorsque des millions de Mexicains célébraient la Fête des Mères, des inconnus ont attaqué et tué par balle Miriam Elizabeth Rodríguez, une activiste qui se faisait remarquer. Après la disparition de sa fille Karen en 2012, a elle seule, sans l'aide d'aucune institution publique a mené une enquête et elle a trouvé ses restes deux ans après dans une fosse clandestine.

Grâce au poids de l'évidence qu'elle a trouvée, elle a forcé les institutions judiciaires à arrêter, à traduire en justice et à condamner les coupables de ce crime, mais ceux ci sont arrivés à s'enfuir, peu de temps après, d'une prison de Ciudad Victoria, aux cotés de 29 autres prisonniers.

Qu'ils aient choisi le Jour de la Fête des mères pour perpétrer leur sinistre vengeance, est une preuve de l'impunité avec laquelle agissent ces criminels, qui ont par cette mort atroce adressé un message de mépris à toute la société mexicaine.

Si ce n'était pas une raison plus que suffisante pour éveiller l'indignation des gens ce lundi, le journaliste, écrivain et chercheur, Javier Valdés a été assassiné à Sinaloa. Il est spécialiste en thèmes liés au narcotrafic, dans une région qui a été le fief du capo Joaquin, el “chapo” Guzmán, territoire que plusieurs bandes se disputent à l'heure actuelle.

Javier Valdes était une personnalité , il jouissait du respect et de la reconnaissance de ses concitoyens et collègues, de par la nature de son travail. Il en se faisait pas d'illusions sur son avenir dans un pays où le taux elevé de criminalité n'est comparable qu'à l'indolence dont font preuve les autorités.

"Être journaliste revient au même que figurer sur une liste noire. Ils vont décider, même si tu es blindé et que tu as des escortes, le jour où ils vont te tuer", avait dit de façon prémonitoire, en octobre 2016 dans une interview qu'il a donné au journal La Jornada, dont il était correspondant.

Auteur de plusieurs livres, Javier Valdes connaissait bien le milieux auquel il avait affaire. Il n'avait, lui non plus, aucun appui ou protection des institutions publiques. Toujours au cours de cette interview il a déclaré: “ Nous en parlons pas seulement du narcotrafique, l'un des fléaux les plus féroces. Nous parlons aussi de comment le gouvernement nous harcèle. Nous vivons dans une rédaction infiltrée par le narco, on côtoie des collègues auxquels on en peut pas faire confiance, parce qu'ils peuvent être ceux qui donnent des renseignements au gouvernement ou aux délinquants".

Il s'agit du 6è journaliste ou communicateur assassiné cette année au Mexique et même si le président Peña Nieto n'est pas content, sa mort vient confirmer qu'il s'agit non seulement d'un des pays les plus violents, mais du plus dangereux pour exercer le journalisme.

Dommage, le Mexique si joli et ensanglanté. Jusqu'à quand?

 



Commentaires


Laissez un commentaire
Tous les champs sont requis
Votre commentaire ne sera pas publié
captcha challenge
up