Après une campagne électorale insipide et avec une absence marquée des citoyens aux bureaux de vote, deux candidats ayant le même nom de famille mais des positions politiques différentes s'affronteront au second tour au Costa Rica le 1er avril dans la course à la présidence.
Il s'agit du musicien, journaliste et pasteur évangélique Fabricio Alvarado, candidat de l'organisation « Restauration Nationale » qui a obtenu hier 24,77% des voix, et de l'ex-ministre du Travail, Carlos Alvarado, du Parti d'Action Citoyenne qui a occupé la seconde place avec 21,74%.
Presque à la fin du dépouillement des voix, l'on a annoncé une abstention record de presque 34%, une preuve du peu d'intérêt que le processus à éveillé au sein de la population.
Le Costa Rica a été appelée pendant longtemps « la Suisse de l'Amérique Centrale » grâce aux transformations réalisées vers la moitié du siècle dernier suite à la victoire d'un mouvement libéral ayant à sa tête le légendaire politique José Figueres Ferrer qui a commencé toute une série de changements économiques, sociaux et politiques dans lesquels a joué un rôle important Manuel Mora Valverde, un homme aux idées progressistes qui s'est défini lui-même comme marxiste-léniniste.
Parmi les mesures clés dans ce processus figuraient l'élimination de l'armée, la promulgation d'un code de travail très avancé et un système de sécurité sociale qui a réduit la pauvreté de façon considérable.
À partir des années 80 et de façon particulière au cours de la décennie suivante, beaucoup des acquis dont bénéficiait la population ont commencé à disparaître à cause de l'application des politiques néolibérales.
La réduction graduelle de la pauvreté s'est arrêtée et elle touche actuellement 22% de la population tandis que la brèche qui sépare les riches et les démunis s'élargit.
Le taux de chômage est supérieur à 9% et beaucoup des acquis syndicaux ont disparu et la privatisation de plusieurs secteurs de l'économie a provoqué une hausse du coût de la vie.
Il y a une chose qui attire l'attention et c'est que ces thèmes n'ont pas été mentionnés au cours de la campagne électorale au cours de laquelle ils ont été déplacés par le débat sur le mariage entre des couples de personnes du même sexe.
Dans une société, fondamentalement catholique, mais avec une croissance accélérée des religions protestantes, Fabricio Alvarado a réussi à augmenter considérablement le nombre de ses voix grâce à une opposition radicale aux droits des personnes ayant une orientation sexuelle différente y compris au droit de prendre des enfants en adoption.
Au contraire,Carlos Alvarado, est un défenseur des droits humains de toutes les minorités sociales y compris de la communauté gay, des lesbiennes, des transsexuels et des travestis.
L'on pense que ces questions seront au centre des discussions d'ici le 1er avril, au détriment d'autres thèmes sociaux et économiques qui affectent une bonne partie de la population.
Compte tenu de la marge étroite de voix entre les deux candidats en lice, ce sera celui qui obtiendra un plus grand consensus social et qui réalisera de meilleures négociations avec les partis perdants au premier tour, qui remportera le second.