Moscou, 6 juillet (RHC) Les États-Unis "ne doivent pas être naïfs" et penser que le dialogue sur la stabilité stratégique ne se développera qu'en fonction de leur agenda, a déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov, insistant sur le fait que l’avis de Moscou devra également être pris en compte dans ces discussions.

Dans une interview au magazine The International Affairs, le diplomate a indiqué que la Russie et les Etats-Unis ne sont toujours pas près " de l'étape des échanges et "du rapprochement réciproque", soulignant que "tout cela est prématuré".

Cependant, au stade actuel, "nous envoyons un signal d’alerte aux Nord-américains pour qu’ils ne soient pas naïfs et pour qu’ils ne pensent pas que la discussion ne se déroulera que selon leur ordre du jour", a déclaré Riabkov, ajoutant que "nous allons seulement dialoguer avec eux  à condition que nos préoccupations, nos interrogations, nos intérêts fassent partie des échanges » Il a également précisé que "les Nord-américains doivent y être préparés".

Après sa première rencontre avec le président Joe Biden, qui a eu lieu à Genève le 16 juin, le président russe Vladimir Poutine a annoncé qu'ils avaient décidé d'entamer des conversations sur la stabilité stratégique au niveau interministériel. Selon le dirigeant russe, les deux pays sont conscients de leur rôle fondamental pour la stabilité stratégique du monde.

Riabkov a expliqué que Moscou espère tenir avec Washington un premier cycle de réunions sur la question fin juillet.

Le vice-ministre a constaté que, « pendant longtemps », les États-Unis ont « nié l'interconnexion des armes stratégiques offensives et défensives » ; ils ont quitté le Traité sur les missiles anti-balistiques (Traité ABM) et ils « ont estimé qu'ils étaient capables de garantir leur propre sécurité en créant un système de défense antimissile».

 « C'est-à-dire avoir leurs propres forces stratégiques et en même temps se défendre […] dévalorisant ainsi le  potentiel stratégique d’autres États », a dénoncé Riabkov, assurant que la Russie « ne le leur permettra  pas et ne le leur a jamais permis, même avec la création de ce type de système ».

Le vice-ministre russe des Affaires Etrangères estime que la normalisation des relations entre la Russie et les États-Unis est désormais plus évidente « que beaucoup ne le pensaient avant le sommet » entre Poutine et Biden. Il  serait « impardonnable » que les deux pays ratent cette occasion.

Riabkov n'exclut pas la possibilité que Washington cherche des prétextes pour imposer  encore des  sanctions à Moscou.

Rappelant le récent incident impliquant le destroyer britannique HMS Defender, qui a violé les eaux territoriales russes en mer Noire en juin, Riabkov a déclaré que Washington et Londres étaient "bien conscients" de l'ampleur des conséquences et de "la gravité" de cette action ainsi que de la réaction de Moscou". Cependant, ils ont décidé de le faire pour mettre à l’épreuve la détermination de la Russie "à répondre par la force si nécessaire" et ils ont également tenté de tester le système de protection côtière russe, a expliqué le Vice-Ministre.

Source Prensa Latina