L'Amérique Latine perd chaque année des milliards de dollars à cause de la corruption ce qui constitue une saignée considérable et le gaspillage de l'opportunité de mettre fin à de graves problèmes qui frappent de plein fouet les habitants de la région et parmi lesquels figurent la pauvreté, l'insalubrité, le manque de logements décents ou de possibilités de formation.
Selon une étude faite par l'organisation Intégrité Financière Globale, publiée par le quotidien mexicain Excelsior, le coût économique de ce fléau depuis le Mexique jusqu'au Chili, a été, l'année dernière de 142 milliards 920 millions de dollars ce qui équivaut à 3% du PIB de la région, un chiffre colossal.
Face à la conscience de l'ampleur du problème que le Pape François a défini comme une gangrène, dans beaucoup de pays les gens sont descendus dans la rue et ils ont même obtenu des victoires partielles comme cela a été le cas au Guatemala où un président et sa vice-présidente, nous parlons d'Otto Pérez Molina et de Roxana Baldetti, ont perdu leurs postes et sont allés en prison où ils attendent d'être jugés.
Cependant, en feuilletant les principaux journaux de ce pays centraméricain, l'on trouve fréquemment des gros titres sur des détournements de fonds millionnaires faits par des fonctionnaires publics, par des députés ou par des chefs d'entreprise ce qui signifie qu'il ne suffit pas de couper quelques têtes s'il n'y a pas de changements structurels empêchant le pillage des coffres de l'état qui sont, en réalité, de la population qui est celle qui produit la richesse avec son travail.
Dans toute la région, le Mexique est en tête des listes des pays qui perdent le plus à cause de la corruption car, de 2003 à 2012, il a vu se volatiliser à cause de ce fléau près de 500 milliards de dollars qui auraient suffit largement à générer le développement des zones les plus pauvres de ce grand pays.
Le problème est que les scandales se multiplient partout, que ce soit en Colombie ou au Pérou ou dans le petit Salvador où l'ex-président Antonio Saca a avoué qu'il avait détourné au moins 7 millions de dollars de l'état vers les coffres de son parti politique, l'ARENA, l'Alliance Républicaine Nationaliste, d'extrême droite.
Mais la corruption n'entraîne pas seulement la perte d'argent mais, dans beaucoup de cas elle fauche aussi des vies comme cela été le cas au Guatemala où un groupe de maffiosi a acheté des médicaments de mauvaise qualité pour l'Institut de Sécurité Sociale et leur administration a affecté des milliers de patients dont des patients ayant fait l'objet d'une greffe de rein et dont plusieurs sont morts.
Ce fléau affecte aussi la cohésion sociale et érode considérablement la confiance de la population dans ses gouvernants et dans les politiques traditionnels ce qui entraîne, d'autre part, l'accélération de certains changements et ce qui s'est passé au Mexique avec la victoire écrasante aux urnes d'Andrés Manuel López Obrador en est un bon exemple.
Les peuples sont de plus en plus mécontents et il descendent dans la rue chaque fois avec plus de force comme cela a été le cas au Brésil et au Pérou. Ils se rendent peut être compte du fait que les grands maux exigent de grands remèdes!
