Le président des États-Unis, Donald Trump, a transformé en bannières de combat de son administration le flux de migrants depuis le sud vers le nord, ainsi que le trafic de stupéfiants en direction de son pays, mais personne ne dit rien des armes qui y sont fabriquées, qui inondent la région et qui entraînent la montée de la violence.
Il s'agit d'un thème qui a fait partie de l'agenda de la récente rencontre du ministre mexicain des Affaires étrangères, Marcelo Ebrard avec son homologue étasunien Mike Pompeo, mais qui n'est pas allé au-delà d'une proposition pour entreprendre des actions conjointes à la frontière commune pour freiner le trafic d'armes.
Selon des sources mexicaines dont le Parquet Général de la République, il y a eu une augmentation de l'utilisation des armes fabriquées aux États-Unis dans des délits commis au Mexique.
Pour ce qui est des armes de petit calibre et des riffles, l'augmentation est de 9%, de riffles automatiques, de 63% et de fusils d'assaut, 122%, c'est-à-dire, plus du double, signale le rapport officiel.
Bien qu'il manque encore beaucoup de démarches et de négociations dont l'évaluation par des experts, Marcelo Ebrard a assuré qu'avec ces opérations conjointes l'on prétend qu'elles aient un impact réel sur le trafic d'armes vers le Mexique qui est un des principaux problèmes pour notre pays, a-t-il signalé.
Ce n'est pas un problème nouveau, bien sûr, et c'est ce que confirment des études récentes sur cette affaire juteuse et sur ce négoce illicite.
Le Center for American Progress, une organisation chargée de l'étude et de la défense de politiques publiques, a diffusé en 2018 un document intitulé “Beyond Our Borders”, en français ”Au-delà de nos frontières) dans lequel il révèle que chaque année, près de 213 mille armes à feu sont introduites illégalement au Mexique depuis les États-Unis.
Il s'agit d'une contrebande massive qui a augmenté sensiblement depuis que l'administration de Felipe Calderón a accepté de transformer le Mexique en un mur de contention contre le trafic de drogues, déclenchant ainsi une guerre interne qui a fait des centaines de milliers de victimes et qui n'a pas résolu le problème.
La principale difficulté réside dans les grandes facilités qui existent aux États-Unis pour acheter des armes quel qu'en soit le calibre et la quantité. De plus, étant donné que les autorités fédérales sont plus préoccupées par ce qui peut entrer dans le pays et pas par ce qui en sort, inonder le Mexique et depuis là d'autres pays latino-américains a été une tâche relativement facile.
Justement, les pays les pays les plus signalés comme émetteurs de migrants sans papiers : le Mexique, le Guatemala, le Salvador et le Honduras, sont ceux qui soufrent dans une plus grande mesure de l'impact du trafic d'armes depuis les États-Unis.
Il est vrai qu'il y a dans ces pays des causes structurelles qui génèrent la violence mais cela serait moins grave si le crime organisé et les bandes de délinquants de droit commun ne pouvaient pas acheter facilement depuis un revolver jusqu'à un fusil.
Les États-Unis ont l'obligation morale de freiner ce type de crime et la communauté internationale a le droit de le dénoncer sur toutes les tribunes possibles car, en définitive, ce sont nos peuples qui en font les frais sur le plan des victimes mortelles.