59 mois se sont écoulés depuis la nuit du 26 au 27 septembre 2014 et les parents des 43 normaliens d'Ayotzinapa, dans l'état mexicain de Guerrero, sont toujours dans l'attente de la vérité et de la justice au sujet de la disparition de leurs enfants, un crime qui a bouleversé la communauté internationale.
Il s'agit d'une affaire paradigmatique qui met à nu plusieurs des maux qui assombrissent la société dans ce pays latino-américain dont la corruption des autorités, le tout joint au crime organisé, à l'indifférence des organes d'investigation et de justice et au manque de protection dans lequel vit la population au milieu d'un jeu néfaste de pouvoirs obscurs.
Jusqu'à présent, les commissions d'enquête qui ont été crées sont plus nombreuses que les résultats qu'elles ont obtenus dans leur ensemble. Durant les quatre premières années qui ont suivi la disparition des normaliens, sous le mandat d'Enrique Peña Nieto, une puissante volonté a réussi à maintenir un silence presque absolu.
Tout ce que l'on sait des 43 normaliens c'est qu'ils ont été arrêtés par des policiers municipaux de la ville d'Iguala où ils entendaient manifester pour exiger de meilleures conditions d'études et qu'ils ont ensuite été remis à une bande criminelle qui les aurait assassinés et effacé toute trace d'eux.
Le Maire d'Iguala et sa femme ont été arrêtés ainsi que plusieurs chefs de police et des fonctionnaires corrompus mais rien ne s'est passé.
L'ancien Bureau du Procureur Général de la Nation, avec le consentement du gouvernement d'Enrique Peña Nieto, a émis la « vérité historique » selon laquelle les 43 corps des normaliens auraient été incinérés dans une décharge publique et leurs cendres éparses dans un fleuve, mais cette théorie se heurte à la réalité, comme l'a démontré un groupe de scientifiques indépendants.
Au cours des jours des faits il a beaucoup plu, comme il arrive en septembre dans la zone et l'on n'aurait pas pu allumer un feu d'une telle ampleur et il n'y avait pas non plus de combustible sur les lieux pour calciner un si grand nombre de corps.
Qu'est-ce qu'on a fait avec les corps des victimes ? Pourquoi l'armée a-elle refusé de façon catégorique d'ouvrir une caserne située à proximité afin que l'on y enquête ? Pourquoi quelques jours après le crime, les portables de plusieurs des normaliens restaient-ils actifs ? Ce sont des questions qui attendent encore une réponse.
Maintenant, le Mexique a un nouveau gouvernement ayant à sa tête le président Manuel López Obrador qui s'est dit disposé à écouter les proches des jeunes et à relancer l'enquête, mais neuf mois après son investiture rien n'a été révélé sur la vérité et donc la confiance comme la foi diminuent.
Il fera bientôt cinq ans de cette nuit-là triste. Depuis lors, des preuves ont été manipulées, de fausses versions ont été créés, l'on a joué avec la douleur de beaucoup de familles, l'on a menti à la société. Il est temps déjà de révéler les faits tels qu'ils sont arrivés et si ces jeunes ont été assassinés, comme tout l'indique, leurs parents puissent fermer le cycle de duel et que les coupables quel-qu'ils soient reçoivent le châtiment qu'ils méritent.