Après trois mandats du Front pour la Victoire qui a développé un programme populaire et national en Argentine, Mauricio Macri, candidat de la coalition de droite Cambiemos, a remporté le second tour des présidentielles, ce dimanche avec une étroite marge de 2,8%.
Les secteurs les plus conservateurs de l’Argentine reprendront le 10 décembre le pouvoir qu’ils ont laissé, il y a 12 ans, au milieu d’une crise économique et financière profonde qui a dévasté le pays et plongé dans la misère des centaines de milliers de personnes.
Mauricio Macri trouvera une économie assez stable avec un faible taux de chômage. A la fin du premier semestre, le taux de chômage était de 5,9%, le plus bas des trois dernières décennies. Sous les gouvernements populaires de Nestor Kirchner d’abord et puis de Cristina Fernández, sa veuve, la dette extérieure est tombée au plus bas et l’Argentine a fait d’importants progrès en matière de santé, de logement et d’éducation.
Tout ce qui adviendra à partir du 10 décembre sera de la responsabilité du nouveau gouvernement qui envisage entre autres une éventuelle dévaluation de la monnaie nationale, la réduction des dépenses publiques et l’affaiblissement du rôle de l'État dans l’économie et le marché.
Il s’agit d’un programme tracé au style le plus pur des grandes lignes du néo-libéralisme, rédigé selon les intérêts des États-Unis et de leurs grandes entreprises transnationales mais qui aura de lourdes retombées sur la population, notamment sur les secteurs les plus vulnérables, dont les personnes du troisième âge, les jeunes au chômage et les retraités.
Reste à voir quelle sera la position du gouvernement Macri au sujet des attaques de ce qu’on appelle «les fonds vautours» des banques internationales qui aspirent à recouvrer la totalité des titres de la dette publique argentine qu’elles ont acheté pratiquement aux soldes au pire moment de la crise des années 1990.
La présidente Cristina Fernández a eu une attitude digne. Elle a défendu à outrance la souveraineté et les intérêts nationaux face à cette charge, de toute évidence immorale et illégale.
Mauricio Macri doit aussi décider du rôle que jouera l’Argentine au sein des nouveaux systèmes d’intégration mis en place dans la région, dont l’Union des Nations Sud-américaines et la Communauté des Etats Latino-américains et Caribéens, entre autres.
Au cours de sa campagne électorale il a ôté de l’importance à ces mécanisme au profit d’autres projets plus enclins aux intérêts des États-Unis dont le Traité Transpacifique.
En tout cas, les 12 millions d’électeurs qui ont voté Daniel Scioli, auront leurs yeux sur Macri pour éviter toute atteinte aux conquêtes économiques et sociales des derniers gouvernements.
Il est indéniable que la victoire de Macri aux urnes et de la droite conservatrice a porté un rude coup aux forces progressistes de l’Argentine et de toute la région, mais ce n’est pas pourtant la débâcle mais une opportunité de réfléchir sur les erreurs commises et les flancs négligés, surtout dans le domaine des idées et de la pensée, où il y a des brèches à colmater et des carences à combler.