La nouvelle selon laquelle le gouvernement du Mexique a décidé de ne pas reconnaître les résultats des élections présidentielles au Venezuela est si choquante que la première réaction qu'elle provoque est l'hilarité bien qu'il s'agisse d'un grave problème car il révèle la myopie extrême de certains politiques qui dirigent des pays ayant du poids et de l'influence dans notre région.
Dans un communiqué, le Secrétariat mexicain aux Affaires étrangères, a signalé que la convocation aux élections manquait de conditions pour être considéré comme un processus démocratique, libre,juste et transparent.
Il y a une question qui nous vient tout de suite à l'esprit : qu'est-ce que le gouvernement d'Enrique Peña Nieto a à apprendre au Venezuela en matière d'élections démocratiques, libres,justes et transparentes ». Très peu à mon avis!
Voyons, le Mexique vit une campagne électorale qui est déjà qualifiée comme la plus sanglante de son histoire récente avec près de 80 candidats ou activistes assassinés. Un chiffre similaire ont renoncé à leurs aspirations de crainte de perdre leurs vies et des dizaines, peut-être des centaines de milliers de citoyens qui n'oseront pas sortir de chez eux le 1er juillet prochain pour la simple raison que le droit au vote est devenu un facteur de risque personnel et familial. De quel type de démocratie s'agit-il si la peur empêche les politiques et les habitants d'exercer leur droit d'élire ou d'être élu ? De quelle justice et de quelle liberté ce gouvernement se permet-il de parler si la violence a coûté la vie à 29 000 personnes en 2017?
Pour convoquer des élections normales il faudrait d'abord résoudre le grave problème du contrôle que les maffias du crime organisé exercent sur une bonne partie de leur territoire où les institutions, les lois et la justice sont pure fiction.
Le territoire mexicain est réparti entre, au moins, 6 cartels du trafic de drogue, mais dans certains endroits, comme l'État de Guerrero, d'où sont originaires les 43 normaliens disparus d'Ayotzinapa, il y a jusqu'à 70 groupes qui se battent entre eux pour le contrôle de villages et de voies de communication.
Beaucoup des candidats à des postes éligibles sont financés par ces mêmes maffias raison pour laquelle, quand ils accèdent à leurs postes, ils ont déjà contracté des engagements avec les délinquants. C'est ça la transparence?
Mais ce n'est pas tout. L'un des principaux candidats à la présidence, Ricardo Anaya, appartenant à une drôle de coalition entre le Parti d'Action Nationale, conservateur, et du Parti de la Révolution Démocratique, ex-progressiste est suspect d'actes de corruption qui n'ont pas fait l'objet d'une enquête poussée.
La plus récente nouvelle sur l'affaire indique que le compte en banque de sa femme a reçu des virements qui dépassent largement la déclaration de revenus du couple. Et, cependant, le ministère mexicain des Affaires étrangères parle de manque de transparence aux élections du Venezuela.
La situation me fait rappeler la sentence biblique contre celui qui regarde la paille dans l'œil du voisin et pas la poutre qui est dans le sien. Mais peut-être en ce moment il serait mieux de répéter encore une fois la phrase célèbre de Porfirio Díaz qui dit : « pauvre Mexique, si loin de Dieu et si près des États-Unis ».