Un des plus lourds héritages que ses prédécesseurs ont laissé au président élu du Mexique, Andrés Manuel López Obrador, est le phénomène du trafic de drogue qui a fait des métastases , comme une tumeur maligne, dans de nombreux secteurs de la société et particulièrement, dans l'économie de ce pays latino-américain.
L'on a beaucoup écrit sur la violence extraordinaire que génère cette activité illicite, mais on a peu parlé du grand défi que représente la lutte contre le pouvoir financier qu'ont accumulé pendant des décennies les maffias qui se livrent à la production, au trafic et à la distribution de stupéfiants.
Il est vrai que le gros des bénéfices restent dans ce qu'on est convenu d'appeler « le dernier mile », c'est-à-dire, entre ceux qui introduisent la drogue dans le marché de consommation et qui la mettent dans les mains des narcodépendants. Ces groupes se trouvent aux États-Unis et leur identité et leurs méthodes de travail sont le secret le mieux gardé de nos jours.
L'on connaît plus ou moins les noms des chefs des cartels qui opèrent depuis l'Amérique du Sud et l'Amérique Centrale et en territoire mexicain, mais qui a entendu parler de l'identité des chefs des maffias aux États-Unis qui sont ceux qui se taillent la part du lion dans ce trafic ?
En tout cas le volume des sommes de cette forme du crime organisé est astronomique et rien qu'au Mexique, on estime que le trafic génère entre 15 et 50 milliards de dollars selon diverses sources.
Le Groupe d'Action Financière Internationale, entité d'intelligence dédiée à suivre le flux de capitaux douteux dans le monde entier, a publié un rapport dans lequel il révèle que le trafic de drogue, les délits fiscaux et d'autres crimes produisent 58 milliards 500 millions de dollars par an au Mexique, soit l'équivalent de 6,6% du PIB de 2014, année à laquelle l'on a mené l'enquête.
Tout cet argent n'est pas caché dans des grottes obscures ou des coffres clandestins de sécurité. C'est un patrimoine qui est blanchi dans le système financier et commercial du Mexique ce qui implique un énorme réseau de complications et de corruption.
Une fois blanchi, il se transforme en capitaux qui sont injectés dans l'économie nationale à travers des investissements, des constructions ou n'importe quelle autre activité, de préférence avec des régulations étatiques quasi inexistantes.
Le chercheur Edgardo Buscaglia, de l'Université de Columbia, affirme que 73% des secteurs économiques mexicains sont infiltrés par le trafic de drogue et il cite en exemple l'agro-alimentaire, les mines, l'industrie pharmaceutique et l'industrie chimique.
C'est cette situation, à laquelle personne n'a fait face jusqu'à présent, que le prochain gouvernement mexicain doit faire face. C'est une tâche qui n'a rien à voir avec l'approche militaire qui est utilisée depuis 2006 et qui a fait tant de victimes.
Il y a d'autres thèmes, chers amis, qui, pour des motifs de temps, nous n'aborderons pas maintenant dont le fait que le trafic de drogue, c'est-à-dire, l'industrie du crime, est le principal générateur d'emplois au Mexique, mais nous vous promettons de l'aborder prochainement.