Oubliée par les grands médias, la guerre du Yémen revient sur le devant de la scène de temps en temps sous forme de nouvelles , toutes terrifiantes, comme la dénonciation de l'organisation humanitaire Save The Children sur le fait que plus de cinq millions d'enfants sont menacés de famine dans ce pays au moment où le conflit s'aggrave et que les prix de la nourriture s'envolent.
Save the Children a mis en garde contre "une famine d'ampleur sans précédent" dans ce pays qui connaît la pire crise humanitaire au monde, selon l'ONU.
La reprise lundi d'une offensive des forces pro-gouvernementales sur le port stratégique de Hodeïda --principal point d'entrée des importations et de l'aide internationale-- met en péril l'accès à l'aide humanitaire et a déjà un impact économique sur les civils, notent des experts.
"Le temps commence à manquer" pour empêcher "une famine dévastatrice" au Yémen et "nous ne pouvons permettre la moindre perturbation" dans la distribution de l'aide, a averti mercredi le Programme alimentaire mondial (PAM).
L'interruption de l'approvisionnement de la population en denrées alimentaires par le biais du port de Hodeida, sur la mer Rouge, "mettrait la vie de centaines de milliers d'enfants en danger immédiat, tout en poussant des millions d'autres vers la famine", a réaffirmé Save the Children.
Des affrontements meurtriers ont repris autour de la ville portuaire, après l'échec de pourparlers plus tôt ce mois-ci à Genève.
Les Nations unies ont averti que tout combat majeur dans la ville de Hodeida pourrait mettre un terme aux distributions de nourriture à huit millions de Yéménites qui en dépendent pour leur survie.
« Dans un hôpital que j’ai visité dans le nord du Yémen, les bébés étaient trop faibles pour pleurer », a déclaré Helle Thorning-Schmidt, directrice générale de l’ONG.
En réalité, ce n'est pas une nouveauté car il y a peu la directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l'Enfance , Henrietta Ford, a assuré que ce pays arabe traverse la plus grave crise humanitaire des temps actuels.
La guerre a commencé dans ce pays lorsqu'une insurrection dirigée par des forces houthis a renversé le gouvernement du président Abdo Rabbuh Mansur Hadi, qui a cherché le soutien de l'Arabie Saoudite depuis où il prétend gouverner dans un exil doré. La situation s'est aggravée en 2015 quand la monarchie saoudienne, avec le soutien des États-Unis et d'autres puissances, a commencé des raids massifs contre le Yémen qui ont détruit pratiquement toute l'infrastructure sanitaire et éducative. L'économie s'est effondrée et il n'y a même pas de quoi payer les médecins, les infirmiers ou les enseignants qui, au milieu de grandes difficultés, continuent à prêter leurs services.
Au moins 22 des 28 millions d'habitants du Yémen dépendent de l'aide humanitaire pour survivre et elle arrive à compte-gouttes à cause du siège que la coalition de pays agresseurs maintient sur les principaux ports.
Pour comble de malheurs, la situation précaire existant dans les campements énormes de réfugiés a donné lieu à l'apparition d'une épidémie de choléra qui touche presque un million de personnes et qui a été qualifiée comme la plus grave du monde actuellement.
Les rares marchandises qui arrivent dans le pays, sont acheminées par le port d'Hodeida qui est actuellement sou contrôle des houthis et qui est la cible d'attaques constantes des forces armées saoudiennes qui font craindre un effondrement total de l'installation ce qui aggraverait encore plus les conditions de vie des personnes.
Avec une économie totalement démantelée, les prix ont augmenté de 68% depuis le début du conflit tandis que la monnaie nationale a connu une dévaluation de 180 points ce qui rend inaccessibles les aliments et d'autres produits pour la majorité des personnes qui manquent de revenus à cause du manque d'emplois.
Face à l'indifférence de l'opinion publique internationale, des millions d'enfants yéménites ignorent quand ou si leur prochain repas viendra, une situation propre du Moyen Âge mais intolérable au 21e siècle de l'histoire moderne de l'humanité.