Une nouvelle fois la furie de la nature a fait qu'un monde amnésique tourne le regard vers le pays le plus pauvre de l'Amérique Latine et des Caraïbes, Haïti, qui a été frappé par un séisme de 5,9 degrés sur l'échelle de Richter qui a fait au moins 15 morts, des centaines de blessés et d'importants dégâts matériels dans son infrastructure précaire.
Haïti partage avec la République Dominicaine l'île de La Española, la seconde de par son étendue dans les Caraïbes, après Cuba, mais quand un voyageur traverse la frontière il lui semble qu'il ne s'agit pas de deux pays, mais de deux mondes totalement différents car bien que les deux fassent partie du dit tiers monde, les différences crèvent les yeux.
Le berceau de la première révolution d'esclaves victorieuse dans le monde, semble vivre dans un passé lointain, plongé dans une pauvreté qui n'a pas été créée par ses habitants mais par les puissances colonialistes de l'époque et les puissances impérialistes de nos jours.
Après son indépendance en 1804, Haïti a été obligé de payer une compensation à la France et cette situation a duré jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale et elle est la cause de son maigre développement ce à quoi il faut ajouter la corruption des gouvernants gâtés par les anciennes métropoles comme cela a été le cas de la dynastie des Duvaliers.
Les pays riches se souvenaient seulement d'Haïti quand il fallait renverser un gouvernement, envahir ou faire un blocus, piller certaines de ses rares ressources naturelles ou quand survient un désastre qui aggrave sa misère.
L'on commémorera bientôt le 9e anniversaire d'un des plus graves : le tremblement de terre du 12 janvier 2010 d'une intensité de 7,3 degrés sur l'échelle Richter et qui a fait 350 mille morts démontrant que la misère est la meilleure alliée de la mort.
Le malheur a été suivi des lumières des réflecteurs, des discours, des promesses, mais cela n'a pas trop duré.
Une grave épidémie de choléra a attiré un peu plus l'attention vers ce pays appauvri mais bientôt il est retombé dans l'oubli. Seuls les médecins cubains y sont restés et ils s'y trouvaient déjà avant le séisme et ils ne sont pas partis comme l'ont fait les autres.
Le nouveau tremblement de terre de dimanche dernier les a surpris aux côtés des Haïtiens et comme en janvier 2010 le secours a commencé à être porté immédiatement à ceux qui en avaient besoin et de nouveaux renforts sont arrivés en quelques heures seulement.
Mais, la majorité des pays du monde restent indifférents face au drame haïtien comme cela est le cas aussi du drame des rohingyas, de l'holocauste des Palestiniens et de la tragédie de milliers d'immigrants qui s'aventurent à traverser la Méditerranée pour se heurter au mur de la xénophobie et du racisme.
Dans le monde développé il n'y a pas de place pour les tragédies des petits qui doivent se débrouiller par leurs propres et rares moyens avec le seul soutien de la solidarité de plusieurs peuples, avec les Cubains à leur tête, qui ont appris que l'on ne partage pas ce que l'on a en trop mais ce que l'on a.