Les résultats du premier tour des élections présidentielles au Brésil laissaient prévoir quelles allaient être ceux du second tour qui a eu lieu hier dans le géant sud-américain et au cours duquel le controversé candidat du Parti Social Libéral, d'extrême-droite, Jair Bolsonaro, s'est de nouveau imposé largement.
Selon les données préliminaires, l'ancien-militaire brésilien a obtenu 10 points d'avantage face à son adversaire et il a recueilli plus de 55% des voix.
Nombreux sont les facteurs qui ont donné la victoire à Bolsonaro malgré son discours agressif, xénophobe, raciste et homophobe. Le leader du Parti Social Libéral, appuyé par l'argent de grands chefs d'entreprise et par des fonds illégaux, a mis en marche une campagne intense de discrédit contre le candidat du Parti des Travailleurs.
L'on a bombardé les Brésiliens avec de fausses nouvelles, avec des photos truquées et de calomnies contre le candidat du Parti des Travailleurs qui a dû centrer sa campagne sur les démentis des accusations portées contre lui.
Le mécanisme, révélé par le quotidien Folha de São Paulo, a semé des doutes dans beaucoup d'électeurs sur la figure de Fernando Haddad, un dirigeant de style modéré qui a été, pendant 7 ans, ministre de l'éducation avec aucune dénonciation pour corruption et avec d'excellents résultats dans sa gestion.
Bien que pendant la semaine dernière, Fernando Haddad ait grimpé dans les intentions de vote des Brésiliens, cela n'a pas suffit à combler la distance qui le séparait de Bolsonaro.
Le tort causé par la sale campagne orchestrée contre lui était irréparable comme cela a été démontré au premier tour des présidentielles, le 7 octobre dernier.
Les analystes mettent l'accent sur un autre facteur et c'est la frustration croissante des Brésiliens à cause de la corruption politique , de la crise économique, de la flambée de violence. Bolsonaro a promis d'y faire face avec main dure.
L'on ne peut pas non plus perdre de vue le fait que le Parti des Travailleurs a mis trop longtemps pour passer la candidature à Fernando Haddad.
L'on savait que l'ex-président Luiz Inacio Da Silva, Lula, était le favori pour remporter les élections, mais la réalité était qu'il était inhabilité judiciairement et l'on a perdu beaucoup de temps pour présenter comme candidat du Parti des Travailleurs celui qui était, dès le début, son compagnon de formule.
La présidence du géant sud-américain sera assumée maintenant par un homme qui est un nostalgique de la dictature militaire qui a ensanglanté le pays de 1964 à 1985 et qui inclura plusieurs militaires dans son cabinet.
L'élection de Bolsonaro, appuyée par les chefs d'entreprise et avec l'aval des États-Unis, a été un nouveau rude coup à la démocratie et elle réveille le fantôme de la dictature militaire dans ce pays sud-américain.
Les droits des travailleurs, des paysans et du peuple brésilien tout entier sont compromis.
Mais l'accession d'un homme autoritaire comme Bolsonaro au fauteuil présidentiel, affecte non seulement le Brésil, elle sera lourde de conséquence aussi pour toute l'Amérique Latine qui est le théâtre, ces dernières années d'une contre-offensive de la droite avec ses politiques néolibérales.
Le Brésil est un pays d'une grande importance dans la région et il a des frontières surtout avec le Venezuela. Avec la présidence aux mains d'un individu à tendance fasciste l'on peut s'attendre à une période d'incertitude et de menaces pour la paix et l'intégration du continent.