Les premiers jours de 2018 n’ont pas apporté un soulagement pour la pression que le mouvement des gilets jaunes maintient sur le président français, Emmanuel Macron, qui n’a pas réussi à apaiser le mécontentement malgré ses concessions qui ont été jugées insuffisantes.
Le chef de l’Élysée a décidé, entre autres mesures, d’augmenter de 100 euros le salaire minimum ; l’exemption dimpôts et d’autres charges à la valeur des heures supplémentaires ainsi que discuter la proposition de créer les Référendums d’Initiative Citoyenne pour que la population et pas seulement les parlementaires, ait le droit de proposer des projets de loi et d’autres programmes.
Tout cela n’a pas suffit à apaiser la colère, comme l’a démontré la présence , le premier samedi de cette année de quelque 50 mille personnes dans les principales rues de la France dont Paris, la capitale, pour démontrer que l’indignation reste active.
Comme l’explique le journaliste et professeur à la retraite Jean Ortíz, les gilets jaunes ont fait irruption avec une grande force et par surprise dans le panorama social et politique du pays et ils ont pris de court tout le monde tant la droite que la gauche.
Malgré son manque de structure, signale Jean Ortíz, il ne s’agit pas d’une éruption spontanée mais d’un processus qui couvait depuis trois décennies de néo-libéralisme, au cours desquelles tous les bénéfices sont allés à une partie infime de la population, la plus riche.
Pendant plus de 30 ans, des coups sont assenés au pouvoir d’’chat des familles et aux services publics de santé et d’éducation ; l’industrie a été démantelée dans le Nord et dans le Sud de la France ce qui a plongé dans la pauvreté plus de 10 millions de personnes et 6 millions et demi de chômeurs.
L’administration Macron a été la goutte qui a fait déborder le vase avec l’élimination des impôts sur les grandes fortunes et sur les cadeaux fiscaux aux chefs d’entreprise avec un coût de 5 milliards d’euros.
L’étincelle qui a causé l’explosion a été l’annonce d’un nouvel impôt sur les carburants et bien qu’il ait été la première chose à être éliminée, il était trop tard déjà. Des dizaines de milliers de personnes qui n’avaient jamais participé à des manifestations et à des protestations, sont descendues dans la rue pour exprimer leur profond mécontentement.
La façon maladroite dont le gouvernement a géré la crise pendant les premières semaines n’a fait qu’augmenter la colère et une grande brèche s’est ouverte entre l’Élysée et la société qu’il sera très difficile de colmater surtout parce que le président insiste à proposer le dialogue mais sans changer de cap.
La dernière marche a apporté la présence de milliers de femmes portant leurs gilets jaunes pour démontrer qu’il s’agit d’un mouvement citoyen et non de provocateurs violents comme tentent de les montrer les médias alliés du grand capital.
Peut-être, je pense, Macron devrait lire avec attention l’histoire de la grande marche des femmes depuis Paris jusqu’à Versailles en octobre 1789 pour exiger du pain et du travail et qui a radicalisé la Révolution Française qui a transformé le monde ou, au moins, une partie du monde.