Par Guillermo Alvarado
Une nouvelle caravane de migrants s'est organisée à Tapachula, une ville du Sud-est du Mexique. Cette masse de sans papiers entend traverser le pays et gagner le territoire des États-Unis. La nouvelle n'a surpris personne. Tout comme des dizaines de milliers d'autres ils sont à la poursuite d'un rêve devenu un cauchemar : entrer « au pays des opportunités » tant vanté par les médias.
La grande majorité des 1 500 migrants qui marchent dans cette nouvelle caravane vers les États-Unis, sont des Centraméricains.
D'autres groupes de sans papiers se trouvant au Mexique sont venus se joindre à la caravane après avoir attendu des mois d'une protection légale pour poursuivre le voyage aux États-Unis.
Les mesures adoptées récemment par les autorités mexicaines, dont le dit programme des cartes humanitaires, ont échoué à cause des écueils bureaucratiques et de la corruption qui règne encore au sein de l'Institut National de Migration.
D'après Pueblos sin Fronteras, Peuples sans Frontières, une organisation de solidarité avec les migrants, il n'y a ni au sein du gouvernement fédéral ni des institutions publiques, un plan structural avec une vision à long terme considérant la mobilité humaine comme un droit et non comme une stigmatisation.
Désespéré face à une situation qui ne semble pas avoir d'issue à court ou à moyen terme, les migrants ont décidé de s'organiser et de poursuivre à leur compte le voyage vers les États-Unis.
La courte distance parcourue depuis la fin de semaine a suffi pour démontrer combien les choses ont changé par rapport aux expériences précédentes, entamées à la mi-octobre 2018.
Cette fois-ci, il n'y a pas de gens sur le bord des routes pour les encourager ou leur offrir des aliments. Même pas un verre d'eau.
A l'indifférence des gens, viennent s'ajouter parfois la violence, les insultes et la xénophobie provoquées par le discours des autorités locales ainsi que par les médias. Quelques municipales leur offre les moyens de transports vers d'autres points de la route mais il ne faut pas voir là un geste de solidarité mais une action pour éviter qu'ils restent dans les lieux.
Il n'y a plus de fanfares, de discours de bienvenue ou de cérémonies d'accueil. Maintenant, les voyageurs sont vu avec soupçon et recel et tout le monde semble espérer qu'ils partiront au plus vite.
Le manque d'action gouvernementale a déclenché une crise à la frontière entre le Mexique et le Guatemala. Peuples sans Frontières a fait savoir que ni l'Institut National de Migration ni les commissions des droits humains ne réagissent pas à ce phénomène
Il s'agit d'un voyage sans destination. Des milliers de kilomètres à parcourir au milieu de l'apathie des gens et ce qui est pire : Rien de mieux ne les attend à la fin de la route, rien de mieux que ce qu'ils ont maintenant : la pauvreté, la faim et le désespoir. Voilà les produits d'un système que quelques-uns insistent à vendre comme prometteurs et auxquels bon nombre de gens croient malheureusement encore aujourd'hui.