Des villes de plusieurs pays du monde ont été le théâtre de manifestations contre l’assassinat systématique, en Colombie, de dirigeants sociaux, de défenseurs des droits humains et d’anciens guérilleros, le tout sous le regard indifférent du gouvernement.
Les marches ont été organisées par différentes organisations de défense de la paix dans ce pays sud-américain et le mot d’ordre qui y a présidé a été « pour nos leaders pas une seule minute de silence.
Ces manifestations ont été des moments opportuns pour rappeler que depuis la signature des accords de paix entre le président de l’époque Juan Manuel Santos et l’ancienne guérilla FARC-AP, les attaques contre ceux qui luttent pour défendre les garanties des communautés les plus pauvres du pays, n’ont pas cessé.
Une véritable extermination planifiée et systématique a commencé en 2016 et elle a coûté la vie à 734 activistes et anciens guérilleros. Jusqu’à présent le gouvernement du président Ivan Duque fait preuve d’un manque total de volonté politique pour mettre fin à cette tragédie qui a été dénoncée sur diverses tribunes internationales.
Les assassinats sont commis presque toutes les semaines au milieu d’une paix sanglante et équivoque, incapable de restaurer la tranquillité au sein de cette société martyrisée par plus d’un demi-siècle de guerre.
Diana Caro, membre de l’organisation Colombiens pour la Paix, chapitre Mexique a déclaré a la presse qu’il s’agit de beaucoup plus qu’une statistique car ce sont des personnes en chair et en os qui ne sont plus.
Le Défenseur du Peuple de la Colombie a signalé qu’entre mars et mai de cette année il y a eu 196 assassinats de dirigeants sociaux et que les endroits les plus touchés sont les départements de Cauca, d’Urabá, d’Antioquia, de Norte de Santander, de Risaralda, de Nariño, de Valle del Cauca et d’Arauca.
Le programme « Nous sommes des défenseurs » a présenté récemment un rapport intitulé « L’orange mécanique » dans lequel il dénonce le fait que le Parquet Général de la Nation a maquillé des données pour donner l’impression que l’on est en train de travailler pour éliminer ce problème.
Selon le rapport, le parquet assure que sur 250 cas auxquels l’on a accordé la priorité, l’on a réussi à faire toute la lumière sur 54,8 % d’entre eux mais la réalité est qu’il y a eu seulement 22 condamnations ce qui signifie que seulement 8 % des procès ont abouti.
Vers la mi-juillet dernier, un groupe de représentants du Conseil de Sécurité de l’ONU a visité la Colombie pour enquêter sur cette situation et il a laissé un message bien clair aux autorités : en finir avec le
s exécutions de leaders sociaux, de défenseurs des droits humains et d’anciens guérilleros des FARC-AP car autrement, les accords de paix mourront eux aussi.
Le silence des fusils ne garantit pas la paix. C’est ce qui est arrivé au Guatemala et c’est ce qui arrive aujourd’hui en Colombie, raison pour laquelle il est temps de plus garde une seule minute de silence.