Des armes à feu Smith & Wesson. Foto / Jim Young / Reuters
Auteur : Guillermo Alvarado
Le gouvernement mexicain, dirigé par Andrés Manuel Lopez Obrador, a pris une mesure audacieuse et ferme en déposant une plainte devant un tribunal fédéral américain contre un groupe de fabricants d'armes, les accusant d’en favoriser la contrebande à destination du Mexique.
Selon le Ministre Mexicain des Affaires Etrangères, Marcelo Ebrard, la poursuite vise à obtenir une compensation pour les pertes en vies humaines ou les blessures causées à la population.
En outre, la plainte a pour but que les hommes d'affaires en question prennent des mesures, assument leur responsabilité et adoptent une réglementation visant à empêcher ce trafic illicite car, a-t-il dit, ils tiennent un registre détaillé de ceux qui achètent des pistolets à gros calibre, de fusils et d'autres équipements militaires.
Chaque année, plus d'un demi-million d'armes à feu entrent en territoire mexicain par diverses voies illégales et elles tombent entre les mains du crime organisé et sont utilisées pour attaquer les autorités, ou pour agresser des civils.
Ce n'est un secret pour personne que depuis le début de la guerre contre le trafic de drogue, imposée par Washington sous le gouvernement de Felipe Calderón Hinojosa, les arsenaux utilisés par les deux parties sur le sol mexicain proviennent des États-Unis, certains par le biais du commerce légal et d'autres par le biais du trafic.
M. Ebrard a assuré que les fabricants d’armes en question sont conscients du fait que les armes qu'ils fabriquent et vendent font l'objet d'un trafic et sont utilisées pour commettre des crimes de l'autre côté de la frontière.
Malgré cela, ils encouragent leur vente au public, ils font d’apologie de leurs qualités militaires, autorisent les ventes en gros à un seul acheteur et facilitent l'échange entre particuliers, sans aucune vérification des antécédents de l'acheteur ou de l'origine de l'arme.
Le deuxième amendement de la Constitution, autorisant le port et l'utilisation d'armes à feu par les citoyens américains, soutenu par la National Rifle Association et les politiciens dont elle finance les campagnes, rend la vente de ces armements aussi facile que celle d'un déodorant.
Pire encore, le Bureau Fédéral des Alcools, du Tabac, d’Armes à feu et d’Explosifs et le Bureau des Douanes et de la Protection des Frontières, qui sont censés empêcher la contrebande, sont paralysés par une législation obsolète.
Les autorités sont non seulement limitées dans leur capacité à contrôler ce trafic, mais elles contribuent parfois à cette pratique, comme l'a révélé un scandale d’il y a quelques années, dont nous pourrons parler à une autre occasion.
Pour l'heure, il reste à saluer et à souhaiter une bonne issue à cette initiative du gouvernement López Obrador au Mexique, qui n'a pas froid aux yeux face à son dangereux voisin.