Par María Josefina Arce
Le gouvernement colombien a récemment fait un pas historique en signant la réforme rurale intégrale contenue dans l’accord de paix de 2016.
La réforme rurale intégrale est en effet un point névralgique et non réalisé de l'accord de paix, signé en 2016 à La Havane entre le gouvernement du président de l'époque Juan Manuel Santos et l'ancienne guérilla des FARC-AP, les Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée du peuple.
Le successeur de Santos à la Casa de Nariño, Iván Duque, n'a pas avancé d’un pouce durant son mandat 2018-2022 sur la mise en œuvre de cet important dossier, appelé à poursuivre la transformation des campagnes, à créer des conditions de bien-être pour la population rurale et à contribuer à une paix stable et durable.
Ivan Duque, qui a toujours critiqué l'accord de paix, n'a pas donné la priorité dans son programme à la remise de terres aux paysans sans terre, à l'assistance technique, au développement de projets productifs et à la facilitation des crédits aux familles rurales.
Au cours des quatre dernières années, les paysans ont également attendu que le gouvernement leur fournisse des biens et services publics auxquels ils n'avaient pas accès, tels que la santé, l'éducation, le logement et l'électricité.
L'arrivée au pouvoir de Gustavo Petro a ouvert une nouvelle possibilité pour la campagne et l'accomplissement de ce qui a été convenu. Ces derniers jours, le nouvel exécutif a conclu un accord avec FEDEGAN, la Fédération colombienne des éleveurs de bétail.
L’accord garantit l'achat par les autorités de trois millions d'hectares de terres aux éleveurs de bétail, qui seront distribuées parmi les familles paysannes qui ne disposent pas de cette ressource ou qui n'en ont pas assez.
José Félix Lafaurie, président de FEDEGAN, a souligné le fait que le gouvernement les a inclus, et n'a pas décidé de faire avancer la réforme sans les éleveurs ou contre eux.
La position conciliante de dialogue et d'inclusion du gouvernement a été décisive, de l'avis de beaucoup, pour parvenir à un pacte historique avec un secteur qui était parmi les plus grands opposants à l'accord de paix et à la campagne présidentielle de Petro.
Le gouvernement travaille également à l'établissement des titres fonciers, plus de 600 000 hectares ayant déjà été achevés, tandis que la Société des Actifs spéciaux, qui louera 125 000 hectares à des organisations paysannes, est en cours de création.
Deux mois seulement se sont écoulés depuis l’accession de Gustavo Petro à la présidence de la Colombie et, dans ce court laps de temps, des mesures concrètes ont été prises pour faire progresser une paix réelle et complète dans ce pays d'Amérique du Sud, où le problème de la terre et de la pauvreté dans les campagnes a été l'un des éléments déclencheurs du conflit armé.
