L'annonce le 17 décembre 2014, de la décision des présidents de Cuba et des États-Unis Raúl Castro et Barack Obama de rétablir les liens diplomatiques entre leurs pays a fait couler de l'encre. Les opinions se sont multipliées, raison pour laquelle, le discours prononcé par le chef de l'État cubain, hier lors du 3è Sommet de la Communauté des États Latino-américains et caribéens, CELAC, à San José, la capitale du Costa Rica, a une grande importance pour le monde.
Raul Castro a signalé que la reconnaissance par Obama, de l'échec de la politique appliquée par Washington contre Cuba durant plus de 50 ans et l'annonce du rétablissement des relations diplomatiques « sont le résultat d'un demi siècle de lutte et de fidélité aux principes, de la part du peuple cubain. Elles ont également été possibles grâce à la nouvelle époque que vit notre région et à la clameur courageuse et ferme des gouvernements et des peuples de la CELAC”.
Durant son intervention devant les chefs d'état ou de gouvernement ou des représentants des 33 pays membres de ce bloc d'intégration, le président cubain a réitéré : « Cuba et les États-Unis, nous devons apprendre l'art de vivre de façon civilisée, sur la base du respect des différences entre les deux gouvernements et de la coopération dans des domaines d'intérêt commun, pouvant contribuer à la solution des défis que doivent relever notre hémisphère et le monde”.
Il a cependant averti qu'il ne faut pas prétendre, pour y aboutir, que son pays renonce à ses idéaux d'indépendance et de justice sociale ou qu'il cède ne serait ce qu'un millimètre en matière de souveraineté nationale.
La définition faite par le président Raul Castro des termes «rétablissement» et «normalisation» des relations a été particulièrement importante. Parfois ils sont utilisés comme synonymes mais ils ont des significations très différentes.
“Le rétablissement des relations diplomatiques est le début d'un processus vers la normalisation des relations bilatérales »-a précisé le chef de l'état cubain dans son intervention.
Pour rétablir les liens il faut résoudre des questions ponctuelles, parmi lesquelles il a mentionné le rétablissement des services financiers au bureau des intérêts de Cuba et de son consulat à Washington; il faut que Cuba soit sortie de la liste des pays qui promeuvent le terrorisme international. Il faudra aussi définir quelle sera la conduite des diplomates étasuniens à La Havane au sujet du respect des normes et traités internationaux.
La normalisation des liens est un processus plus profond, qui exige des changements draconiens dans la politique étasunienne, dont l'élimination du blocus économique, commercial et financier, la restitution du territoire illégalement occupé de Guantánamo, la fin des émissions de radio et de télévision et une compensation juste au peuple cubain pour les dommages causés tout au long de 50 ans.
“Si ces problèmes ne sont pas résolus, ce rapprochement diplomatique entre Cuba et les États-Unis n'aurait pas de sens »- a bien souligné Raul qui a ajouté que si les réunions tenues la semaine dernière à La Havane ont donné des résultats c'est parce que les deux parties se sont traitées comme des égales, avec respect.
Le chemin sera long, mais il est possible de démontrer que deux gouvernements ayant de différences profondes peuvent trouver des solutions à leurs problèmes, moyennant un dialogue respectueux et des échanges fondés sur l'égalité souveraine, la réciprocité, pour le bien de leurs nations respectives- a rappelé le président cubain.
Il a signalé le rôle indispensable de la solidarité internationale, de la mobilisation et de l'action décisive des personnes de bonne volonté aux États-Unis et dans le monde, qui ont rendu possible aussi ce pas.
Comme l'a bien signalé José Martí, dont nous avons commémoré hier le 162è anniversaire de la naissance : “C'est l'heure de l'appel, et de la marche à l'unisson, et il nous faut avancer en formation serrée, comme les filons d'argent au cœur des Andes.
Guillermo Alvarado