Par Guillermo Alvarado
De nombreux spécialistes s'accordent à signaler que des aspects communs existent dans les crises qui frappent la Grèce et Porto Rico, dont un élément remarquable : le poids énorme de la dette, publique ou privée, une dette qui porte atteinte au développement de l'économie et mène ces deux pays au bord de la faillite.
Bien sûr, il existe des différences, surtout en ce qui concerne la situation politique. La Grèce est un pays dit souverain. Pour sa part, Porto Rico est une colonie, déguisée en ¨État libre associé¨, mais une colonie tout de même.
C'est justement à cause de cette différence que ce cas doit être bien analysé. Les racines de ce qui pourrait être la prochaine crise mondiale du système capitaliste s'y trouvent: l'endettement excessif et les mesures adoptées ou imposées pour le résoudre.
Même si pour les économistes du Fonds Monétaire International, les préoccupations financières manifestées au début 2008 font partie de l'histoire passée, l'on ne peut pas négliger le fait que certaines de leurs principales conséquences persistent.
L'économie n'a pas décollé dans la plupart des pays. Le chômage continue à toucher une partie considérable de la population. Certains gouvernements et de nombreuses familles ont contracté des dettes impayables.
Une étude récente signale qu'en 2014 la dette mondiale, des pays, des entreprises et des travailleurs du secteur privé, s'élevait à 199 billions de dollars, un chiffre inédit.
La plupart des pays et des familles manquent de ressources pour payer leurs dettes. Et l'on ne parle pas seulement de petits pays en voie de développement, mais de pays développés tels que la France, dont les obligations représentent 90 % du PIB.
La solution donnée par les institutions multilatérales de crédit est encore pire : dépenser moins, augmenter les impôts et diminuer les salaires et les allocations.
Ce serait l'équivalent de la solution adoptée au Moyen Âge quand l'on faisait une saignée aux personnes grièvement malades, ce qui était le chemin le plus court vers le cimetière.
Les économistes les plus lucides, qui ne sont pas si nombreux et qui ont peu d'influence, indiquent que les politiques d'austérité ont un effet récessif et ne stimulent pas la croissance et le développement.
L'on n'est pas certain des mesures que prendra la réserve Fédérale des États-Unis concernant le cas de Porto Rico, mais l'expérience indique que sera la recette classique du Fonds Monétaire International qui risque d'être adoptée.
Dans le cas de la Grèce, des centaines de millions d'euros ont été consacrés à sauver les banques, qui sont les responsables de la plus grande partie de la dette. La crise humanitaire qui découle de cette situation est évidente.
La question qui se pose aujourd'hui est la suivante : qu'est ce qui se passera quand un nombre plus grand de pays reconnaîtront qu'ils ne peuvent pas payer leurs dettes?
Continuera-t-on à faire saigner les malades pour que les fossoyeurs se réjouissent, ou alors comprendra-t-on que le chemin menant à une crise terrible est déjà pavé ?