Par Guillermo Alvarado
L´approbation du troisième sauvetage financier de l´Union Européenne destiné à la Grèce, pour une somme de 86 milliards d'euros, place le premier ministre Alexis Tsipras dans une position délicate. Il doit s´affronter lui-même, c'est-à-dire, affronter les idées et les propositions qui ont conduit au pouvoir en janvier dernier son parti d'union de la gauche radicale, Syriza.
L’accablement de la population par l’escalade du chômage et des programmes d’ajustement incluant des réductions de salaires et des pensions, des augmentations d’impôts et des prix, a été l’une des principales raisons du vote majoritaire en faveur de Tsipras : celui-ci avait promis de ne plus appliquer de coupes d’austérité dans les dépenses publiques et de ne plus se plier aux diktats de Bruxelles.
Mais le premier ministre n’a pas résisté aux coups de semonce de la chancelière allemande Angela Merkel , dont la voix est plus forte que celle de la Troïka : la Banque Centrale Européenne, le Conseil de l’Union Européenne et le Fonds Monétaire International.
Acculé par ses créanciers, Alexis Tsipras n’avait que deux possibilités : sauver l’euro ou revenir au drachme, l’ancienne monnaie grecque, avec toutes les conséquences que cela implique, sans écarter celle d'une sortie de l’Union Européenne
L’on a dit qu’Angela Merkel a condamné le gouvernement grec au suicide et qu’elle lui a laissé la seule alternative de choisir la façon de le faire : une manière terrible de démontrer le pouvoir démesuré des finances internationales sur un petit pays dévasté par les grandes banques.
Le leader de Syriza a choisi le sauvetage financier, ce qui implique l’augmentation des mesures d’austérité. Cela a provoqué une fracture presque irréparable au sein de son parti. Lors du vote de vendredi, Alexis Tsiupras a eu besoin des voix de l’opposition qui le pousse encore davantage vers le précipice.
Deux actes manquent à la tragédie grecque et l’un d’eux commence à être écrit dès aujourd’hui avec le vote des Parlements des pays européens sur le plan de sauvetage. L’extrême droite de son côté, en profite pour tirer sur l’ambulance.
Ensuite, Alexis Tsipras devra demander un vote de confiance, conscient du fait que presque un tiers de Syriza est contre lui.
Le chef du gouvernement grec pourrait devenir ainsi le troisième dont la tête a été fauchée par des programmes de sauvetage, élaborés pour sauver les banques, surtout les Allemandes et les Françaises, qui sont les principales responsables de la dette grecque.
L’impact sur la population est terrible, parce que tout cela signifierait la fin de ses illusions, de ses espoirs déposés dans un parti avec un programme nouveau, différent des autres, un parti qui devait l’aider à sortir du labyrinthe après avoir tué la bête qui la dévore.
La leçon est élémentaire et doit être comprise : la seule manière de résister est de le faire à tout prix. Quand on cède pour la première fois, l’on continue à le faire jusqu’au fond de l’abîme.