Auteur : Isis María Allen

Considéré comme l'un des secteurs les plus touchés par les restrictions imposées par Washington à Cuba, le tourisme en 2023 a fait face à un scénario défavorable pour atteindre les niveaux de redressement  souhaités.

L'intensification de cette politique hostile, dans un contexte international affecté par le conflit en Ukraine, l'augmentation des prix du pétrole et la lenteur de la reprise des liaisons aériennes, a eu un impact, entre autres, sur les prévisions d'arrivées et, par conséquent, sur les recettes escomptées.

Fin 2023, le nombre d'arrivées est estimé à un peu plus de deux millions 400 mille visiteurs sur un objectif de trois millions cinq cent mille, soit une progression annuelle jamais atteinte dans des périodes similaires.

Plus de 60 % des arrivées de visiteurs internationaux correspondent à quatre marchés principaux : le Canada, les Cubains vivant à l'étranger, la Russie et les États-Unis, avec les limitations qui découlent de la politique hostile de ce pays à l'égard de Cuba.

Dans la région, le Mexique et la République dominicaine, entre autres, font preuve d'un remarquable processus de redressement après le Covid-19, et dans ces pays, environ la moitié des touristes qu'ils reçoivent proviennent des États-Unis, un droit que les citoyens de ce pays ne peuvent pas exercer dans le cas de Cuba, en raison des restrictions imposées à l'île, qui comprennent également, entre autres, des sanctions sur les navires de croisière qui accostent dans les ports cubains.

En plus de ces mesures, le gouvernement américain a suspendu cette année la procédure de visa ESTA pour les citoyens européens visitant Cuba et souhaitant se rendre aux États-Unis.

Parallèlement, les campagnes médiatiques contre l'île se sont multipliées, non seulement aux États-Unis mais aussi au Canada, dans le but de décourager les voyages à Cuba.

D'autre part, la reprise des liaisons aériennes en provenance d'Europe a été lente en raison de problèmes logistiques liés à la disponibilité des avions et du personnel.

Dans ce contexte défavorable, les autorités cubaines du secteur et ses entités ont déployé un intense travail de promotion et diverses actions pour attirer les visiteurs, améliorer la qualité, diversifier l'offre et être plus compétitifs.

Pour l'analyste cubain José Luis Perelló, conseiller du ministre cubain du secteur, il est essentiel d'exploiter les principaux attraits de la destination, qui se concentrent dans le tourisme de soleil et de plage, et où les investissements dans les infrastructures d'hébergement sont plus importants et dans des conditions optimales.

Il convient de noter que 70 % des hôtels 4 et 5 étoiles sont situés dans des stations balnéaires et sont gérés par des chaînes hôtelières de renommée internationale.

Actuellement, une vingtaine de ces chaînes de pays tels que l'Espagne, le Canada, l'Indonésie et la Turquie opèrent dans le pays, ce qui représente plus de 110 contrats de gestion et de commercialisation avec des entités étrangères, entre autres.

Le portefeuille d'opportunités d'investissement étranger dans le tourisme comprend plus de 50 contrats de ce type, ainsi que des projets de développement immobilier, de construction d'hôtels et de terrains de golf.

Au cours de l'année, plusieurs prix internationaux ont été décernés aux hôtels et aux lieux de l'archipel cubain, qui a été classé première destination à la mode en 2023, selon les Travellers Choice Awards de Tripadvisor, le site web du tourisme mondial.

La publication, qui se base sur les avis des voyageurs sur les lieux et les destinations, recommande, lors d'un passage dans l'archipel cubain, de ne pas manquer d'apprécier la capitale et son mélange d'architecture d'antan et de culture moderne.

Il suggère également de visiter la ville de Trinidad, classée au patrimoine mondial de l'humanité et située dans la région centrale du pays.

Parmi les grands défis à relever et ceux à venir, Cuba, qui prévoit de consacrer l'année prochaine sa Foire internationale du tourisme au marché de l'Amérique latine et des Caraïbes, devra s'engager fermement dans le développement de la multidestination, un sujet en suspens pour les pays de la région, qui ont théoriquement opté pour l'intégration dans ce secteur, mais qui n'ont pas beaucoup progressé.

Pour le professeur Perelló, cette modalité peut être avancée avec le Mexique, la République dominicaine et la Jamaïque dans le cadre de négociations avec les agences de voyage de ces pays et les compagnies aériennes régionales.  .

En tenant compte du taux de croissance annuel, le pays pourrait recevoir 3,2 millions de visiteurs internationaux d'ici 2024.

La célébration de la Foire du Tourisme à Cayo Coco, au nord de la province de Ciego de Avila, qui sera consacrée aux pays des Caraïbes et d'Amérique latine, est présentée comme un scénario favorable pour s'insérer pleinement dans la région et développer la multi-destination.

Le ministre cubain du Tourisme, Juan Carlos García Granda, a souligné le travail réalisé sur des marchés qui pourraient devenir très importants pour le secteur, comme la Colombie et le Brésil.

Il a également commenté la complexité du scénario actuel, au milieu duquel il a réaffirmé sa confiance dans la reprise progressive du secteur et dans le rôle croissant que le tourisme jouera dans la vie économique nationale.

Cuba, avec plus de 80 000 chambres d'État, un vaste réseau de logements privés, divers services extra-hôteliers, une nature et une culture admirables, une histoire et un patrimoine enrichissants, ainsi que des niveaux de sécurité élevés, est l'une des destinations caribéennes à visiter pour entrer en contact avec le peuple, ce qui est sa principale force.