La Havane, 8 septembre (RHC/AFP)- L'ouragan Irma, rétrogradé vendredi en catégorie 4, se déchaînait dans les Caraïbes où ses vents furieux et ses pluies torrentielles ont tué au moins douze personnes alors qu'il fait trembler Cuba et la Floride.
Ce cyclone, classé jusqu'alors en catégorie 5, au plus haut de l'échelle, reste extrêmement dangereux, accompagné de vents soutenus de 250 km/h, a indiqué à 09H00 GMT le Centre national des ouragans (NHC) américain.
Irma devrait ensuite remonter vers la côte sud-est des États-Unis, frappant d'abord la Floride puis la Géorgie et la Caroline du Sud.
Selon le NHC, l'œil du cyclone se trouvera dimanche près des Keys, chapelet d'îles dans l'extrême sud de la Floride.
Des ordres d'évacuations obligatoires ont déjà été émis pour les zones côtières de Floride et en Géorgie, concernant près d'un million de personnes, la plus importante évacuation depuis 2005.
Le gouverneur de Floride Rick Scott a ordonné la fermeture de vendredi à lundi de tous les établissements scolaires afin qu'ils puissent servir d'abris.
L'ouragan Irma va "être réellement destructeur" quand il arrivera en Floride, a prévenu jeudi Brock Long, chef de l'agence américaine des situations d'urgence (Fema) sur CNN.
Avant d'être rétrogradé, il a généré des vents à 295 km/h pendant plus de 33 heures, battant le record du super typhon Haiyan, qui en 2013 aux Philippines avait produit les mêmes vents pendant 24 heures.
"Une intensité d'une telle longévité, c'est du jamais vu dans le monde depuis le début de l'ère satellitaire", il y a une cinquantaine d'années, a souligné Météo France.
Quelque 1,2 millions de personnes ont déjà été affectées, un nombre qui pourrait grimper à 26 millions, selon la Croix-Rouge.
Au moins deux personnes ont été tuées à Porto Rico, quatre dans les îles Vierges américaines, cinq sur l'île franco-néerlandaise de Saint-Martin (dont au moins 4 du côté français et un côté néerlandais) et un à Barbuda.
A Porto Rico, plus de la moitié des 3 millions d'habitants se trouvait sans électricité et des refuges ont été ouverts pouvant accueillir jusqu'à 62.000 personnes.
A Haïti, Irma a provoqué une forte montée des eaux dans le nord-est et de forts vents ont emporté les toitures des maisons.
La République dominicaine a été balayée jeudi soir par des vents de 285 km/h et de fortes pluies, poussant à évacuer près de 20.000 personnes. Plus d'une centaine de maisons ont été détruites.
Dans les îles déjà frappées par Irma, les habitants décrivaient un spectacle de désolation.
A Saint-Martin, tout a "été soufflé" comme "par une bombe atomique", a témoigné sur la chaîne Franceinfo Dany Magen-Verge, habitante de cette île connue pour ses plages paradisiaques où plus de 60% des maisons sont désormais inhabitables.
Côté néerlandais comme français, les autorités ont fait état de pillages. Cela constitue un problème "grave", a déclaré le Premier ministre néerlandais Mark Rutte, annonçant que le port et l'aéroport avaient été "rouverts pour usage militaire".
La ministre française des Outre-mer Annick Girardin a évoqué jeudi soir des "pillages réalisés juste devant (ses) yeux" lors d'une journée de reconnaissance à Saint-Martin et dans l'île française voisine de Saint-Barthélemy.
A Saint-Barthélemy, très prisée de la jet set, les dégâts sont également considérables et le Premier ministre français Edouard Philippe a fait état d'une cinquantaine de blessés.
L'île de Barbuda (1.600 habitants), frappée la première par l'ouragan est "totalement dévastée" selon Gaston Browne, le Premier ministre d'Antigua-et-Barbuda, territoire indépendant.
Il a estimé au passage que l'ouragan devait convaincre "ceux qui ne croient pas au changement climatique".
L'île britannique d'Anguilla a été elle aussi entièrement rasée.
Le coût des dégâts aux Antilles françaises devraient être "bien supérieur" à 200 millions d'euros, selon le patron du réassureur public français Caisse centrale de réassurance (CCR).
L'aide commençait à s'organiser, avec un pont aérien prévu depuis l'île française de Guadeloupe vers Saint-Martin et Saint-Barthélemy, où il faudra "des semaines et des mois" pour un retour à la normale de l'électricité, a prévenu EDF, l'opérateur énergétique français.
Les Pays-Bas ont annoncé l'envoi de deux avions militaires à Saint-Martin et deux bâtiments militaires néerlandais sont sur zone.
La Grande-Bretagne a débloqué jeudi soir près de 35 millions d'euros et annoncé l'envoi de deux avions militaires pour venir en aide aux territoires touchés, notamment dans les Iles Vierges britanniques où l'état d'urgence a été décrété et où le chef de la diplomatie britannique Boris Johnson évoquait "de grands dégâts".
Les Caraïbes pourraient ensuite subir deux autres ouragans de plus faible intensité: Jose, qui
a toutefois été relevé en catégorie 3 avec des vents de 195 km/h, puis Katia.