Genève, 6 mai (RHC)- L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré lundi considérer à ce stade comme «spéculatives», faute d’être corroborées par des preuves, les déclarations des dirigeants américains selon lesquelles le nouveau coronavirus provient d’un laboratoire de la ville chinoise de Wuhan, berceau de la pandémie.
«Nous n’avons reçu aucune donnée ni de preuve spécifique du gouvernement américain concernant l’origine présumée du virus, donc pour nous cela reste spéculatif», a déclaré Michael Ryan, directeur des programmes d’urgence de l’OMS, lors d’une conférence de presse virtuelle depuis le siège de l’organisation à Genève.
Après avoir accusé la Chine d’avoir dissimulé l’émergence et la propagation du nouveau coronavirus, Washington affirme détenir des «preuves» qu’il provenait d’un laboratoire de Wuhan, et le président Donald Trump a menacé Beijing de «taxes douanières punitives». Pour sa part, le secrétaire d’État Mike Pompeo, est allé jusqu’à dire que «ce n’est pas la première fois» que la Chine met ainsi «le monde en danger» à cause de «laboratoires ne respectant pas les normes».
L’OMS observe n’avoir pas la preuve matérielle des allégations de l’administration américaine, et souligne se fonder uniquement sur les données scientifiques à sa disposition. «Comme toute organisation se fondant sur la preuve, nous aimerions vivement recevoir toute information sur l’origine du virus (…). Si ces données et ces preuves sont disponibles, il revient au gouvernement américain de décider s'il peut les partager, et quand, mais il est difficile pour l’OMS de se prononcer en l’absence d’information» soutenant ces hypothèses, a avancé Michael Ryan.
«Nous nous concentrons sur les preuves dont nous disposons, et les preuves que nous avons à partir du séquençage et de tout ce qu’on nous a transmis c’est que le virus est d’origine naturelle», a-t-il précisé. «La science doit être au centre. La science trouvera les réponses», a encore estimé ce haut responsable de l’agence sanitaire de l’ONU.
Une autre responsable de la gestion de la pandémie à l’OMS, Maria van Kerkhove, a rappelé que le séquençage du nouveau coronavirus avait permis de déterminer qu’il provenait des chauve-souris et qu’il avait été ensuite probablement transmis à d’autres animaux sauvages vendus sur un marché de viande à Wuhan, avant de contaminer l’homme. «Nous devons vraiment savoir quel a été l’hôte intermédiaire: l’animal infecté par les chauve-souris puis qui a infecté des personnes dans les premiers cas», a-t-elle indiqué.
L’OMS a offert à la Chine de concourir aux recherches scientifiques. «Nous pouvons apprendre des scientifiques chinois», selon Michael Ryan. Si les questions sur l’origine du virus sont «exprimées comme une investigation agressive d’une faute, je crois que ça peut être beaucoup plus difficile à gérer. Ça devient une question politique», a-t-il mis en garde.
«Si l’on observe l’évolution du virus sur des chauve-souris et ce qui se passe maintenant, cela tend très clairement à démontrer que tout ceci ne peut avoir été artificiellement ni délibérément manipulé», a lui-même estimé l’épidémiologiste américain Anthony Fauci, membre de la cellule de crise présidentielle américaine sur le coronavirus, dans une interview au National Geographic lundi.
«Tout dans l’évolution par étapes indique fortement que (ce virus) a évolué dans la nature, et a ensuite franchi les barrières des espèces», a-t-il ajouté.
Source L'essentiel/afp)