Au moins 3 manifestants ont été tués par balles au cours des émeutes à Bogota.
Bogota, 11 septembre, (RHC).- Le président colombien, Ivan Duque, a tenté de justifier la violente répression des manifestations contre les bavures de la police qui ont secoué Bogota et d’autres villes de la Colombie.
«Nous reconnaissons le travail de notre Force publique et quand ces faits ont lieu il faut les individualiser et que des voix ne s’élèvent pas pour les stigmatiser » a-t-il tweeté.
Au moins 8 personnes ont été tuées à Bogota et des centaines d'autres blessées durant les violentes émeutes qui ont éclaté en Colombie après la mort d'un avocat victime d'une bavure policière.
Ces troubles sont survenus mercredi dans plusieurs quartiers de la capitale, ainsi que dans d'autres grandes villes, comme Medellin (nord-ouest), Cali (ouest) et Barranquilla (nord).
Au moins trois personnes, dont un mineur de 17 ans, sont mortes après avoir été touchées par des tirs, a précisé la police jeudi en conférence de presse.
Selon le gouvernement, 56 postes de police ont été "vandalisés" et 70 personnes interpellées pour "violence contre les forces de l'ordre".
Sur Twitter, la maire de Bogota, Claudia Lopez, a fait état de 362 blessés dans la capitale : 248 civils et 114 policiers. Elle a fait état de six personnes mortellement touchées par balles.
"Il existe des preuves solides d'une utilisation indiscriminée des armes à feu par les policiers (...) Quel type de formation reçoivent-ils pour avoir cette réponse absolument disproportionnée à une manifestation?", s’est-elle demandé.
Dans des vidéos partagées sur les réseaux sociaux, on peut voir des gens terrifiés qui fuient au milieu de coups de feu.
La colère a éclaté après la diffusion sur les réseaux sociaux de la violente interpellation par la police, dans la nuit de mardi à mercredi, d'un homme décédé quelques heures plus tard.
La séquence de près de deux minutes montre deux policiers casqués mettre au sol un avocat de 46 ans, Javier Ordoñez, puis lui administrer à plusieurs reprises de longues décharges avec leurs pistolets à impulsions électriques.
"S'il vous plaît, arrêtez", entend-on répéter à plusieurs reprises l'homme au sol. Les témoins de la scène interpellent également les policiers: "Arrêtez s'il vous plaît, on vous filme" avec un téléphone portable.
Selon le chef de la police de Bogota, le colonel Necton Borja, la victime "a été soumise à une arme non létale" avant d'être transportée au poste de police où elle a présenté des "complications médicales".
Transporté à l'hôpital, Javier Ordoñez, père de deux enfants, est décédé peu après.
L'enquête et l'autopsie en cours devront permettre de déterminer si la victime a été frappée au poste de police, comme le dénonce sa famille.
Selon la police, les agents avaient été dépêchés après un désordre causé par des "personnes alcoolisées" et Javier Ordoñez a essayé "de frapper les policiers".
Les deux agents ont été suspendus, a annoncé le ministre de la Défense.
Le président conservateur Ivan Duque avait déploré dès mercredi soir "les abus (...) commis par des membres de la force publique", demandant que des "sanctions appropriées soient adoptées".
Mercredi après-midi, des centaines de personnes s'étaient rassemblées pour protester devant le poste de police où la victime avait été emmenée avant de mourir.
La police a tenté de disperser la foule avec des grenades assourdissantes et des gaz lacrymogènes, mais les protestations se sont étendues à d'autres quartiers de Bogota.
La police colombienne a par le passé été impliquée dans plusieurs scandales de violences.
Avec AFP et Prensa Latina