Port-au-Prince, 14 juillet ( RHC) « Au moins 89 personnes ont été assassinées et 16 autres sont portées disparues » en Haïti, a indiqué le Réseau national de défense des droits humains dans un communiqué, précisant que le bilan partiel de ces violences fait également état de « 74 blessés par balle ou à l’arme blanche ».
Depuis jeudi, les rafales d’armes automatiques crépitent à longueur de journée à Cité Soleil, commune la plus défavorisée et la plus densément peuplée de la capitale : deux factions de gangs s’y affrontent sans que la police, en manque d’hommes et d’équipements, n’intervienne.
Le long des corridors des bidonvilles surgis au fil des quatre dernières décennies, des milliers de familles n’ont d’autre choix que de se confiner chez elles, sans pouvoir se ravitailler en eau et nourriture.
« Nous appelons tous les habitants à permettre le passage des secours vers Brooklyn, nom du quartier de Cité Soleil où se concentrent les violences et à épargner les civils », a exhorté mercredi Mumuza Muhindo, chef de mission de Médecins sans Frontières.
Entravée dans ses opérations d’évacuations des victimes, l’organisation humanitaire a néanmoins fait des interventions chirurgicales à une quinzaine de blessés par jour en moyenne depuis vendredi, dans son hôpital situé à proximité de Cité Soleil.
« Le long de la seule route menant à Brooklyn, nous avons rencontré des cadavres en décomposition ou brûlés », a ajouté Mumuza Muhindo.
« Il peut s’agir de personnes tuées lors des affrontements ou essayant de fuir et qui ont été abattues. C’est un vrai champ de bataille ».
Ces affrontements meurtriers entre gangs affectent l’ensemble des activités économiques de la capitale car c’est à Cité Soleil que se situe le terminal pétrolier qui alimente Port-au-Prince et tout le nord d’Haïti.
A Port-au-Prince , les stations-services ne distribuent plus une goutte de carburant, faisant drastiquement flamber les prix au marché noir.
En colère face à cette situation, des chauffeurs de taxi moto ont dressé mercredi des barricades à travers les principaux axes routiers de Port-au-Prince.
Soumis à de tels aléas, les habitants de la capitale peinent à organiser leurs activités quotidiennes, déjà entravées par le risque d’enlèvement.
Depuis plus de deux ans, les gangs multiplient les enlèvements dans la ville des personnes de toute origine socio-économique et de toute nationalité : au moins 155 enlèvements ont été commis en juin contre 118 au mois de mai, a signalé le Centre d’analyse et de recherches en droits humains, dans son dernier rapport publié mercredi.
Nombreux Haïtiens fuient vers la République dominicaine ou les Etats-Unis. Beaucoup, n’ayant ni les moyens économiques ni les visas, risquent leur vie en prenant place sur des bateaux de fortune, espérant atteindre la Floride.
Nombreux échouent sur les côtes cubaines ou bahaméennes ou sont stoppés en mer par les garde-côtes américains.
Plus de 1 200 migrants en situation irrégulière ont été renvoyés en Haïti au cours du seul mois de juin, selon les statistiques de l’Office national des migrations.
« Nous constatons une augmentation significative de la faim dans la capitale et dans le sud du pays, Port-au-Prince étant la plus durement touchée », s’est inquiété Jean-Martin Bauer, directeur du Programme alimentaire mondial (PAM) en Haïti.
Près de la moitié de la populations haïtiennes souffrent déjà d’insécurité alimentaire dont 1,3 million qui sont confrontés à une situation d’urgence humanitaire au seuil du stade la famine, selon la classification du PAM.
Source Prensa Latina