Des flammes qui honorent la liberté

Édité par Reynaldo Henquen
2024-01-12 10:19:54

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La Havane, 12 janvier (RHC) Jamais auparavant un ciel rougi par les flammes d'un incendie rebelle n'avait autant dit la grandeur d'un peuple qui, se sachant libre pour la première fois, préférait que sa propre ville brûle plutôt que de la soumettre une fois de plus au fouet de l'oppresseur.

C'est alors, le 12 janvier 1869, que Bayamo - transformée en un gigantesque bûcher d'héroïsme et de patriotisme - cessa d'être seulement le berceau de milliers de familles et une ville émancipée par le premier gouvernement patriotique de l'île, pour se dresser sur des braises, encore fumantes, comme la torche de la dignité d'une nation.

Cette décision dramatique de brûler la ville - qui, depuis le 20 octobre 1868, dans la chaleur d'un hymne patriotique et d'une République en armes naissante dirigée par Carlos Manuel de Céspedes, s'était levée avec le soleil de l'indépendance - fut la réponse du peuple bayamais lorsqu'il apprit l'avancée vers la ville des troupes espagnoles, dirigées par le comte de Valmaseda, après avoir vaincu l'armée cubaine au cours d'une bataille sanglante.

Face au carnage qui s'annonçait, la détermination - acceptée par la majorité des villageois - était la suivante : incendier la ville. "Que les cendres de nos maisons témoignent au monde de la fermeté de notre volonté de nous libérer de la tyrannie de l'Espagne", pouvait-on entendre dire dans ces moments décisifs.

Dans son ouvrage Bayamo, l'historien José Maceo Verdecia le décrit ainsi : "Spectacle pathétique et émouvant offert par cet ensemble enflammé devant l'impassibilité d'un ciel émerveillé (...) Rébellion suprême d'un peuple au nom de sa libération !

Le bilan serait dévastateur. Une ville en ruines, des maisons et des institutions publiques incendiées, des papiers officiels détruits et des biens matériels transformés en un promontoire de décombres.

Pendant ce temps, avec la bienséance pour seul bien et le ciel pour seul toit, tout un peuple part en pèlerinage vers la montagne incertaine, ou à la recherche d'un abri dans un village voisin. Là, victimes des éléments et d'une cruelle chasse à l'homme lancée par les Espagnols, beaucoup de ces Bayamais héroïques souffriront de la faim, de la maladie et même de la mort.

De leur côté, les troupes de Valmaseda, obligées d'attendre trois jours pour entrer dans la ville, ne trouvèrent qu'une masse de fumée sombre avec quelques flammes crépitantes, ce qui, au milieu du vol des pigeons, rendit encore plus grand l'acte sublime de sacrifice collectif écrit avec feu et bravoure.   

Aujourd'hui, 155 ans après ce glorieux incendie, l'histoire nous rappelle que la flamme libertaire ne s'est jamais éteinte. Depuis lors, Bayamo a été un symbole et un creuset, une essence et un guide ; une poignée inévitable pour attiser de nouvelles flammes d'indépendance qui ont brûlé plus tard, dans le courage d'autres hommes et femmes, et dans l'aube souveraine d'un mois de janvier victorieux qui brille encore aujourd'hui. (Source : Granma)



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