Aux maux séculaires qui touchent des milliers de familles colombiennes du département d'Antioquia se joint maintenant l'incertitude à cause des problèmes surgis dans le projet hydroélectrique Hidroituango, le plus grand du pays, mais dont les défauts techniques pourraient provoquer l'effondrement du barrage.
Il s'agit d'une méga-construction, haute de 220 mètres et d'un barrage de 79 kilomètres de long pouvant contenir jusqu'à 2 720 mètres cubes d'eau et dont les turbines pourraient produire 2 400 mégawatts.
Depuis le début de sa construction, en 2010, des dénonciations s'accumulent en raison des dégâts écologiques que l'ouvrage cause dans la région, ainsi que du grand nombre de familles déplacées de leurs terres et de leurs foyers.
Le plus grave a commencé à arriver en avril de cette année lorsque de graves problèmes se sont présentés dans les tunnels de détournement du fleuve Cauca, ce qui a amené les responsables du projet à prendre la décision d'inonder la salle de machines pour que les eaux retournent à leur lit original et éviter ainsi une tragédie de grandes proportions.
La solution a été, à ce qu'il semble, pire que le problème et, au mois de mai, il a fallu évacuer presque une dizaine de villages car l'eau contenue dans le barrage et celle qui coule par les canaux a provoqué une coulée de boue qui a détruit la salle des machines et qui a menacé de faire céder la digue. Ces derniers jours, les habitants d'autres villages ont dû être transférés dans des endroits sûrs et les pertes, tant pour la population que pour le projet sont énormes.
Le gouverneur d'Antioquia, Luis Pérez, a accusé les responsables de l'ouvrage de cacher la vérité sur la gravité de la situation et il a cité un rapport d'experts étrangers qui assurent que l'effondrement peut-être imminent et que l'on a utilisé des matériaux ne respectant pas les normes internationales pour ce type de construction.
Luis Pérez a ajouté que si la digue du barrage en arrive à s'effondrer, l'effet serait similaire ou pire que celui d'un tsunami de grande intensité avec des courants d'eau et de boue d'entre 10 et 40 millions de mètres cubes, c'est-à-dire, la pire avalanche de l'histoire du pays
Le président de la Colombie, Juan Manuel Santos, a lui-même reconnu que le danger se maintient bien que le niveau des eaux ait discrètement baissé.
Des personnes touchées par une telle situation qui se sont regroupées au sein de l'organisation « Ríos Vivos Antioquía » ont présenté une réclamation à la Banque Inter-américaine de Développement, la BID, et elles lui ont exigé d'ouvrir une enquête pour déterminer si le projet a rempli les conditions minimales du point de vue environnemental et social.
La BID a fourni 2 millions de dollars à l'état colombien en 2012 et 550 millions de plus dans des investissements directs à des Entreprises Publiques de Medellín, propriétaire du projet.
L'organisation a dénoncé aussi des menaces, des intimidations et l'assassinat de deux de ses membres qui réclamaient de la transparence dans l'information fournie aux communautés avant et après les faits.
Tout le monde espère que des maux majeurs ne se produiront pas, mais l'on exige aussi que l'assignation de travaux publics soit faite avec responsabilité, avec attachement aux lois et aux conventions internationales ce qui n'a pas été, semble-t-il, le cas cette fois-ci en Colombie.