Lorsque, juste après son investiture, le président argentin Mauricio Macri a annoncé des mesures économiques d'un grand impact dont la dérégulation totale du marché de change et l'ouverture de l'entrée et de la sortie de capitaux spéculatifs, beaucoup de spécialistes ont fait savoir au nouveau gouvernement que l'on était en train d'assumer des risques très élevés qui pourraient conduire à un effondrement.

Deux ans et demi après, le bateau ayant pour capitaine le chef de la coalition « Cambiemos » (Changeons) fait eau de toutes parts et même avec l'accord signé avec le Fonds Monétaire International ou peut être à cause de lui, le naufrage est imminent et personne ne semble s'en étonner.

Pendant les premiers mois de son gouvernement, Mauricio Macri ne s'est jamais lassé de faire retomber la responsabilité sur ses prédécesseurs Nestor Kirchner et Cristina Fernández, mais maintenant il est de plus en plus clair que sa lecture peu intelligente de l'histoire est en train de le conduire vers la même impasse dans laquelle s'est retrouvé Fernando de la Rúa.

La monnaie nationale a connu une dévaluation qui a atteint des niveaux plus qu'alarmants, la dette extérieure est l'inflation sont montées en flèche et le coût de la vie de la population atteint des niveaux astronomiques.

Il ne faut pas oublier qu'outre une politique monétaire et financière erratique, le gouvernement de Mauricio Macri a appliqué des rajustements aux tarifs de beaucoup de services publics dont l'énergie, les transports, l'eau potable et la santé.

De plus, il est en train d'appliquer une politique massive de licenciements dans tout le secteur public qui a laissé des centaines de milliers de personnes dans la rue privées de leurs revenus et aux prises à des prix de plus en plus élevés.

`A l'intérieur et à l'extérieur du pays, l'économie argentine est un désastre. En à peine 9 mois, la parité de la monnaie nationale avec le dollar a doublé ce qui affecte le système de paiements tant dans le secteur privé que dans le système public et de plus en plus d'analystes parlent de la possibilité de tomber dans une situation de cessation de paiements que l'on appelle « défault » en termes académiques.

Rien de cela n'est la responsabilité des gouvernements précédents comme le prétendent faire croire les campagnes médiatiques et judiciaires ayant pour but de discréditer le couple Kirchner.

Selon l'analyste Alfredo Zaiat, la responsabilité revient à l'équipe de gouvernement de Macri qui n'a jamais réussi à comprendre le fonctionnement de l'économie argentine et qui l'a toujours manipulée somme s'il s'agissait d'une entreprise dont bénéficient directement les familles aussi bien du président que de ses proches collaborateurs qui ont de puissants intérêts dans des secteurs comme l'agriculture et l'élevage, l'énergie, le bâtiment et les finances.

Il y a eu, signale Zaiat, tant de mesures confuses, sans coordinations, improvisées et de marche-avant et de marche-arrière durant ces deux ans et demi que ce qui est surprenant c'est qu'il y ait encore des gens qui s'étonnent de l'effondrement de l'économie appliquée par Macri.

Si le président argentin ne connaît pas les doctrines et les théories, il se peut qu'il sache quelque chose de sagesse populaire et qu'il sache ce que veut dire le vieux proverbe selon lequel « tant va la cruche à l'eau qu'elle se casse ».