Par María Josefina Arce

L'Équateur connaît depuis plusieurs jours de nouveaux événements violents dans ses prisons. Le dernier en date a été enregistré au pénitencier du Littoral, à Guayaquil où plusieurs détenus ont été tués et d'autres blessés.

Il a été précédé d'un autre du même type dans la province de Cotopaxi, au sud de Quito, la capitale, qui a également fait une quinzaine de morts et de blessés.

Depuis 2021, le pays a été secoué par plusieurs massacres de prisonniers. Quelque 400 détenus ont été tués. Le gouvernement du président Guillermo Lasso attribue le carnage à une guerre entre membres de bandes criminelles, dont il veut présenter l'incarcération comme un succès dans la lutte contre le trafic de drogue.

Les experts soulignent toutefois que 70% des personnes tuées n'avaient pas été condamnées, que beaucoup étaient en détention provisoire et que 39% étaient emprisonnées pour des délits mineurs.

Lorsque Guillermo Lasso a pris ses fonctions, il a déclaré vouloir mettre fin à cette violence, mais jusqu'à présent, il n'y a eu aucun résultat concret et l'Équateur est toujours plongé dans une crise carcérale, qui couve depuis des années et s'est aggravée ces derniers temps.

Sous le gouvernement précédent, présidé par Lenín Moreno, des événements violents ont également eu lieu, faisant plusieurs morts. La réponse a été des déclarations d'urgence et une main de fer.

La surpopulation, le manque de budget, l'absence de programmes de réhabilitation et le manque ou la mauvaise formation du personnel pénitentiaire sont une réalité dans ces prisons, où le gouvernement a été incapable de contrôler la situation.

Les organisations internationales ont appelé les autorités à garantir des conditions dignes aux détenus et une politique de prévention de la criminalité dans laquelle l'incarcération n'est pas la principale ressource.

Le sous-comité des Nations Unies pour la prévention de la torture a mis en garde contre la situation critique du système pénitentiaire en Équateur, et  souligné que les prisons manquent de services essentiels et de ressources de base.

Pour une grande partie de la population, il est essentiel d'investir dans des programmes sociaux pour lutter contre la pauvreté et l'emploi précaire, et ainsi réduire la possibilité pour les jeunes d'être recrutés par des bandes criminelles et d'y voir une alternative pour survivre et aider leurs familles.

La crise carcérale en Équateur est un problème ancien qui ne peut être associé uniquement à la prolifération des bandes criminelles.

Tant que le gouvernement se passera d’appliquer des politiques sociales à réduire les inégalités, il faudra s’attendre à de nouvelles mutineries et à davantage de morts violentes dans les prisons de l’Équateur.