Genève, 28 août (RHC)- Plusieurs pays poursuivent leurs processus de déconfinement et réfléchissent à un retour progressif de leurs citoyens sur les lieux de travail, d’études et de sociabilité. Mais l’OMS met en garde contre un retour de flambées du virus.
« À mesure que les sociétés s'ouvrent, beaucoup commencent à voir une résurgence de la transmission », a alerté le Dr. Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, lors d’un point de presse virtuel depuis Genève. « Une grande partie de cette résurgence se produit dans des groupes de cas liés à des rassemblements de personnes, notamment dans les stades, les boîtes de nuit, les lieux de culte et les foules », a-t-il précisé.
L’OMS avertit que ces types de rassemblements peuvent amplifier la résurgence du virus et « peuvent être l'étincelle qui crée un feu beaucoup plus grand ».
« Chaque pays et chaque communauté doit prendre ses propres décisions sur la manière d’organiser ces événements en toute sécurité, en fonction de leur propre niveau de risque », a souligné le Dr. Tedros, rappelant ainsi les autorités compétentes à leurs devoirs de responsabilité et de vigilance.
« Dans certaines circonstances, des fermetures ou des suspensions d'événements peuvent être nécessaires pendant une courte période », a déclaré le Directeur général.
Le chef de l’OMS a toutefois indiqué qu’il existe des « moyens créatifs » pour organiser des événements en toute sécurité afin de minimiser les risques de contamination et de propagation du virus, citant pour exemple le pèlerinage du Hadj, à la Mecque, en Arabie saoudite, qui s'est déroulé cette année avec un nombre limité de personnes physiquement éloignées les unes des autres. Par ailleurs, certains événements sportifs expérimentent la réintroduction d'un nombre limité de spectateurs dans leurs enceintes.
Alors que plusieurs événements, des festivals et des célébrations de toutes sortes doivent être organisés dans les semaines et les mois à venir, l’OMS rappelle qu’il existe des moyens pour que ces rassemblements se déroulent en toute sécurité, avec une approche qui tient compte des risques et l’adoption des mesures nécessaires pour assurer la sécurité des personnes.
« Ces mesures devraient être communiquées clairement et régulièrement », a insisté le Dr. Tedros.
Un impact profond sur la santé mentale de millions de personnes
Le chef de l’OMS s’est voulu compréhensif face aux souhaits des populations de vouloir se retrouver de nouveau ensemble. « Nous, les humains, sommes des êtres sociaux. Il est naturel et normal que nous voulions nous réunir pour toutes sortes de raisons », a-t-il reconnu, tout en soulignant qu’il existe de nombreuses façons d'être physiquement séparés, tout en restant socialement connectés.
Pour de nombreuses personnes, le manque d'interaction sociale causé par la pandémie et le confinement a eu un impact profond sur le plan psychologique.
« La Covid-19 a eu un impact sur la santé mentale de millions de personnes, en termes d'anxiété et de peur qu'il a provoquées, et de perturbation des services de santé mentale », a déploré le Dr. Tedros.
Selon l’OMS, les personnes vivant dans des structures de santé de longue durée tels que les maisons de soins et les établissements psychiatriques courent un risque accru d'infection. « Les professionnels de la santé mentale ont eux-mêmes été infectés par le virus ; et certains établissements de santé mentale ont été fermés pour les convertir en centres de traitement pour les personnes atteintes de la Covid-19 », a dit le Directeur général.
La santé mentale était déjà un problème de santé négligé dans le monde bien avant l’apparition du nouveau coronavirus. Près d'un milliard de personnes dans le monde vivent avec un trouble mental, 3 millions de personnes meurent chaque année de l'usage nocif de l'alcool et une personne se suicide toutes les 40 secondes. Malgré l’ampleur du problème, relativement peu de personnes ont accès à des services de santé mentale de qualité. Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, plus de 75% des personnes atteintes de troubles mentaux, neurologiques et liés à l'usage de substances ne reçoivent aucun traitement pour leur maladie.