Le rôle des sciences sociales

Editado por Reynaldo Henquen
2021-09-30 16:44:59

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par Graziella Pogolotti

Dans son action et sa parole, le Président Miguel Diaz-Canel Bermúdez insiste sur la nécessité de lier l’énorme potentiel de savoir accumulé à la prise de décisions pour trouver des réponses efficaces aux défis auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui.

Sa prédiction repose sur les résultats tangibles obtenus dans le domaine de la biotechnologie avec la production de vaccins, conquête impensable dans n’importe quel pays du tiers monde soumis à un implacable et prolongé harcèlement économique. Nous avons maintenant les bénéfices d’une stratégie conçue par Fidel depuis le triomphe de la Révolution, quand la Campagne d’Alphabétisation, la Réforme Universitaire ont été lancées en même temps, la création d’institutions de recherche scientifique très avancées et la mise en place d’un système de bourses pour secourir les talents disséminés dans tout le pays.

L’essor de la biotechnologie se traduit par la lutte contre la pandémie, la création d’emplois hautement qualifiés et la production de biens à forte valeur ajoutée. Un comportement similaire peut également s’appliquer à d’autres secteurs, comme l’agriculture, qui est indispensable au bien-être de notre peuple et à l’ouverture sur les marchés extérieurs.

Reconnaître le rôle de la haute technologie ne signifie pas ignorer le poids décisif de ceux qui, derrière la terre et à la base de la pyramide, construisent avec le patient travail quotidien de leurs mains et de leur esprit. Pour cette raison, il est indispensable de maintenir à jour le diagnostic des tenants et aboutissants d’une réalité sociale complexe et en constante mutation, raison pour laquelle, sans préjudice de l’investissement nécessaire, un nouveau recensement de la population et des logements sera effectué au cours de l’année prochaine.

L’analyse démographique ne se limite pas à une simple collecte statistique. Pour comprendre ce que nous sommes et les circonstances qui président à notre existence dans le matériel et dans le spirituel, l’information doit être soumise à l’examen d’autres disciplines des sciences sociales. C’est ainsi que nous l’a enseigné l’historien et démographe Juan Pérez de la Riva, personnalité singulière qui mérite d’être sauvée de l’oubli par la relecture d’ouvrages fondateurs, comme l’incontournable sur la baraque, indispensable pour valoriser la conséquence dramatique d’un héritage historique, conformateur des mentalités et des expressions d’une culture de la pauvreté.

Juan Pérez de la Riva était né dans un berceau d’or. Les cinq membres de sa petite famille se perdaient dans l’immense espace du palais aujourd’hui destiné au Musée de la Musique. Esprit sensible, il s’est uni à la cause des humbles. Il s’est introduit dans la connaissance du marxisme et s’est opposé à la dictature de Machado. Né par hasard en France, le fait a servi de prétexte à son expulsion de Cuba en tant qu’étranger indésirable.

Son séjour en Europe lui a ouvert l’horizon des tendances modernes de la démographie et de l’histoire. De retour sur l’île, il se réfugie dans l’administration de son domaine aux alentours de la Sierra del Rosario. Il connut de près la condition difficile du paysan. Après le triomphe de la Révolution, avant la Réforme agraire, il donna sa terre et vint à La Havane en quête de travail. Dès lors, il se consacra à la recherche et à la formation des nouvelles générations. Avec ses élèves, il a effectué des travaux de terrain dans les zones les plus sauvages du pays.

Langue, créolisation, métissage culturel et tradition historique partagée assurent l’unité de la nation. Mais ignorer le poids des différences territoriales constituerait une erreur de perspective. Juan Pérez de la Riva a analysé cette réalité.

Favorisée par le passage des flottes, La Havane s’est enrichie des bénéfices d’une économie de services précoce. Ensuite, la traite négrière est devenue une source d’accumulation de capitaux qui ont alimenté l’industrie sucrière dans l’ouest du pays. La région orientale, en revanche, a survécu avec la production précaire de petits fruits et le commerce de contrebande avec la région des Caraïbes, jusqu’à leur supplantation par les vastes latifundia de culture de la canne à sucre et d’élevage qui ont soumis les habitants à une exploitation extrême. D’où l’origine d’une émigration interne, animée par le mirage qu’offrait l’apparence scintillante de la capitale. Au cours des années 60 du siècle dernier, a affirmé l’historien et démographe, des politiques de développement urbain ont été mises en place en vue d’améliorer l’environnement des provinces négligées.

Référence nécessaire à la prise de décision, la démographie offre une synthèse du comportement de la société à un moment donné. Ils y cohabitent aujourd’hui et hier, ainsi que des facteurs objectifs et subjectifs. L’interprétation correcte des données exige une approche multidisciplinaire et transdisciplinaire de l’ensemble des sciences sociales, de l’histoire, de l’économie, de la sociologie à la psychologie sociale et à l’anthropologie. La même perspective d’intégration des savoirs sera extrêmement utile pour la conception des actions qui sont actuellement entreprises dans nos territoires les plus vulnérables.

La solution des problèmes les plus urgents exige l’adoption de mesures conduisant à favoriser, à moyen terme, des transformations substantielles dans les mentalités des habitants, en tant qu’acteurs conscients de la modification de leur réalité. (Extrait de JR)



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