Le silence électoral prévaut depuis jeudi au Salvador, connu aussi sous le nom de « Le Petit Poucet de l'Amérique Centrale » où le dimanche 4 mars se tiendront des élections pour rénover l'Assemblée Législative et les Mairies dans les 262 districts qui forment le pays.
Un peu plus de 5 millions 100 mille Salvadoriens sont habilités pour exercer leur droit de vote mais dans ce types d'élections, dites de moyen terme, et dans lesquelles la présidence n'est pas en jeu, l'abstentionnisme est d'habitude élevé.
De fait, les campagnes des partis politiques ont eu pour objectif de persuader leurs partisans de participer aux élections qui précèdent les présidentielles prévues le 3 février 2019.
Comme d'habitude, deux organisations politiques seront les principales protagonistes de la consultation. Il s'agit du Front Farabundo Martí pour la Libération Nationale, FMLN, et l'ARENA, l'Alliance Républicaine Nationaliste, conservatrice, qui répond aux intérêts des secteurs économiques puissants et qui est ralliée sur les intérêts des États-Unis dans la région.
Actuellement, l'ARENA a une légère majorité avec 35 députés à l'Assemblée de 84 membres alors que le FMLN est la seconde force au sein de cet organe législatif avec 31 sièges.
Les intérêts géopolitiques de Washington ne sont pas étrangers à la consultation. Les États-Unis tentent de rallier le Salvador aux côtés d'autres gouvernements qui suivent leurs diktats comme le Guatemala et le Honduras.
Il ne faut pas oublier que le Pentagone a encore une base militaire située à Comalapa où se trouve aussi l'Aéroport International Oscar Arnulfo Romero. Cette installation étasunienne a été approuvée de façon formelle par la majorité simple de l'Assemblée Législative en 2000 grâce aux voix de l'ARENA et d'autres petits partis de droite.
Les États-Unis ont aussi les yeux braqués sur le Golfe de Fonseca dont les eaux sont partagées par le Salvador, le Honduras et le Nicaragua. Ce sont des raisons suffisantes qui ont amené un groupe de congressistes du parti Démocrate à demander au secrétaire d'état Rex Tillerson de rester neutre et de ne pas intervenir aux élections de dimanche prochain.
Pour le FMLN il est très important d'obtenir la majorité à l'Assemblée Législative et garder la Mairie de la ville de San Salvador , celle qui a le plus grand nombre d'habitants et qui représente de multiples complexités qui vont depuis le réaménagement urbain jusqu'au thème de la sécurité.
Plusieurs observateurs signalent que ces élections pourraient être un miroir des présidentielles de l'année prochaine auxquelles la droite conservatrice tentera de freiner le processus de transformations que mène à bien, lentement, mais sans pause, le FMLN pour obtenir un pays plus juste où les traditionnels laissés-pour-compte trouveront un encouragement leur permettant de rester dans leur pays sans avoir à partir à la recherche d'un rêve dans le Nord, rêve qui, d'habitude, tourne au cauchemar.