Qui a tué Mariella Franco ?. C'est la clameur qui s'étend partout au Brésil et qui met, une nouvelle fois dans l'embarras le président de facto, Michel Temer qui a décidé, cela fait un mois, de militariser la lutte contre la violence à Rio de Janeiro, où le meurtre a été commis.
Rappelons que mercredi soir, la conseillère a été attaquée avec une précision millimétrique peu après sa sortie d'une réunion de femmes noires qui réclamaient leurs droits sociaux et humains. Quatre balles dans la tête ont fauché la vie de Mariella et le chauffeur de la voiture dans laquelle elle se trouvait a également été tué.
Mariella Franco représentait le quartier de Maré, un complexe de favelas situé au Nord de la ville de Rio de Janeiro, proche de l'aéroport, où habitent quelque 150 mille personnes, pour la plupart dans des conditions de pauvreté qui sont également victimes de la violence de bandes de trafiquants de drogue, de milices irrégulières qui agissent avec la protection des autorités et de la police.
La dirigeante communautaire a surpris beaucoup de gens lorsqu'elle a été élue en 2016 avec un nombre important de voix et durant sa gestion elle a défendu les moins favorisés de façon particulière les femmes.
Des proches de la victime signalent que sa mort a été un message pour intimider les personnes et faire taire les protestations, mais celles-ci n'ont fait qu'augmenter ces derniers jours surtout au fur et à mesure que l'on connaît des détails de l'affaire.
Bien qu'au début, plusieurs fonctionnaires aient prétendu faire croire au fait qu'il s'est agi d'un crime commun, les évidences montrent le contraire.
Les balles utilisées appartiennent à un lot acheté par la police fédérale de Brasilia en 2006 et qui a été distribué dans plusieurs états, mais on prétend maintenant qu'une partie a été volée ou détournée.
L'attaque, enregistré par plusieurs caméras de surveillance, a été minutieusement préparée et les auteurs savaient exactement à quel moment agir. Les balles ont été tirées par un pistolet calibre 9 millimètres, une arme d'une puissance de feu élevée utilisée avec la précision de personnes entraînées pour ce type d'actions.
De plus, les auteurs ne sont pas entrés dans la voiture de Mariella, ils n'ont rien volé, ce qui écarte des délinquants de droit commun.
Il s'agit clairement d'une exécution, bien préparée et perpétrée avec le sang froid de professionnels.
Il revient maintenant au gouvernement de dire qui ont été les agresseurs car les causes ont déjà été énumérées au cours de nombreuses manifestations : elle était femme, noire, de gauche, féministe, lesbienne, né au sein d'une favela dont elle n'a jamais oublié les racines. Elle défendait les droits des minorités. Elle critiquait la brutalité policière et la récente militarisation de Rio de Janeiro sous prétexte de combattre la violence.
Ce sont des raisons suffisantes pour être une figure gênante et un obstacle pour des autorités vénales et corrompues. Michel Temer doit donner une réponse rapide à la clameur populaire et pour ce faire il doit se servir de la police et de la justice fédérale car personne ne croit que celles de Rio ont le moindre intérêts pour éclaircir le crime.
Les protestations se poursuivent et elles s'étendent à plusieurs endroits et à l'extérieur du Brésil et ce sont des dizaines de milliers de personnes qui se demandent : qui a tué Mariella?.