La nouvelle de l'ouverture de l'ambassade des États-Unis à Jérusalem a fait le tour du monde, accompagnée de celle du massacre perpétré par l'armée israélienne contre des Palestiniens désarmés qui protestaient, dans la Frange de Gaza, contre cette décision de Washington. À ces nouvelles est venue s'ajouter une autre sur l'ouverture, dans la Ville Sainte, de l'Ambassade du Guatemala qui a ainsi emboîté le pas aux États-Unis.
Et nombreux sont ceux qui se demandent ce que fait ce petits pays centraméricain où sévissent la pauvreté et les inégalités en emboîtant le pas si rapidement à la puissance impériale.
Il y en a qui l'expliquent comme un acte de soumission abjecte d'un petit chien à la recherche d'une tape dans le dos et même comme une tentative du président Jimmy Morales de chercher la protection de son homologue Donald Trump face aux enquêtes sur de mauvaises pratiques que mène contre lui la Commission Internationale contre l'Impunité.
Tout cela est vrai, mais il y a des antécédents beaucoup plus anciens et sinistres dans cet acte qui pourrait être une mascarade tragi-comique s'il ne fallait pas faire toute la lumière sur des milliers de morts, de disparus et de torturés.
En 1948, quand l'ONU, sous l'impact de l'holocauste perpétré par les nazis contre les juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale, a pris la mesure arbitraire
de diviser le territoire palestinien afin de créer un état pour les survivants de ce massacre, l'ambassadeur du Guatemala, Jorge García Granados, un homme décent d'après ce que l'on sait, a joué un rôle déterminant dans l'obtention des voix nécessaires à l'application de cette mesure insensée.
Jorge García Granados était loin d'imaginer qu'il avait couvé l'œuf du serpent dont le croc venimeux est arrivé moins de trois décennies après à son propre pays.
Durant la guerre interne au Guatemala, entre 1960 et 1996, Israël a joué un rôle néfaste. En 1970, l'armement israélien a commencé à être utilisé dans ce pays. Il a remplacé celui des États-Unis quand le président James Carter, effrayé par la violence brutale de l'armée guatémaltèque contre la population civile, a décrété un embargo militaire.
Le fusil Galil est devenu l'arme réglementaire des soldats guatémaltèques aux côtés de la mitrailleuse Uzi, les avions Arava et Pilatus et le blindé Kuzuco, assemblé au Guatemala avec de la technologie israélienne.
Le système d'intelligence de l'armée, ainsi que le réseau de radars et de télécommunications de l'armée guatémaltèque, ont été montés par des spécialistes de l'armée israélienne et tout cela a été décisif pour le déclenchement d'un génocide qui a tué 250 mille civils dont plus de 95% des Indiens, quelque 50 mille disparus, un million de déplacés et la destruction totale de 450 villages et l'assassinat de leurs habitants : des enfants,des femmes et des hommes.
Quand la guerre a pris fin, des études de l'ONU et de l'Eglise Catholique ont estimé que les militaires, armés et entraînés par Israël, avaient été responsables de plus de 90% des abus commis.
Une autre donnée, non moins importante est que le parti politique qui a porté Jimmy Morales à la présidence a été formé par des vétérans de l'armée guatémaltèque profondément anti-communistes et fervents admirateurs de l'État sioniste.
Ce sont, chers amis, quelques liens de sang qui expliquent la présence d'une ambassade guatémaltèque à Jérusalem, un affront pour les Palestiniens et pour les survivants de la guerre en Amérique Centrale.