Moins de trois ans après le début d'une guerre féroce contre le Yémen, passée sous silence par les grands médias, 14 de ses 22 millions d'habitants sont au bord de la famine et la moitié d'entre eux sont des enfants ce qui constitue l'une des plus graves crises humanitaires de l'actualité.
Le pays le plus pauvre du monde arabe connaît des difficultés depuis 2012 lorsque des soulèvements populaires ont renversé le président Alí Abdullah Saleh qui a été remplacé par Abd Rabbuh Mansur al-Hadi, rejeté par les membres de l'ethnie des Houties.
La situation est devenue plus compliquée encore lorsqu'en 2015 l'Arabie Saoudite a formé une coalition pour bombarder le Yémen sous prétexte de protéger le gouvernement de Mansur al-Hadi.
Les attaques meurtrières, qui sont appuyées par les États-Unis et par d'autres puissances occidentales, ont détruit presque complètement l'infrastructure du pays, réduit à des monceaux de pierres de nombreuses villes et obligé des millions de personnes à quitter leurs logements à s'entasser dans des camps de réfugiés.
L'on estime qu'à cause de la dévastation, jusqu'à 80% de la population dépend de l'aide humanitaire pour survivre et comme d'habitude, les enfants et les personnes âgées sont les plus touchés.
L'organisation Save The Children a indiqué qu'entre avril 2015 et octobre 2018, 85 000 enfants sont morts de malnutrition sans compter ceux qui ont trouvé la mort à cause des bombardements et des combats
Tamer Kirolos, directeur de cette entité au Yémen, a estimé que sur chaque enfant tué par les bombes ou par les balles, des dizaines d'autres souffrent de la faim et c'est quelque chose qui pourrait être évitée moyennant une action coordonnée de gouvernements et d'organisations civiles.
Pour sa part, la directrice exécutive de Save The Children, Helle Thorning-Schmidt, a récemment déclaré que des millions d'enfants ne savent pas quand ils auront leur prochain repas. Dans les hôpitaux du Yémen, a-elle-signalé, les bébés sont trop faibles pour pleurer, avec le corps épuisé par la faim.
Jusqu'à présent, toutes les négociations pour mettre fin à un conflit absurde ont échoué et l'ONU attend que le processus puisse être relancé avant la fin de l'année.
Pendant ce temps, les gens survivent comme elles peuvent dans un pays où l'économie ne fonctionne plus et où les prix sont tellement élevés qu'il est impossible d'acheter l'essentiel pour se nourrir et pour s'habiller.
Mais ce n'est pas tout, l'entassement et le manque d'hygiène ont provoqué l'épidémie de choléra la plus grande des temps modernes. On estime qu'un million de personnes ont été touchées par cette maladie et la situation s'aggrave quand les rares pluies de la saison humide tombent.
Au Yémen, il n'est plus possible d'échapper à la guerre, aux maladies et à la faim et, plus qu'une crise, ce qui y est commis est un crime contre l'humanité face auquel beaucoup de gouvernements préfèrent fermer les yeux ou détourner le regard, sans se rendre compte du fait qu'une telle attitude les transforme en complices de ceux qui larguent les bombes ou qui les payent.