Une nouvelle escalade de la violence qui inclut l’attentat à la voiture piégée contre une école de police à Bogotá, la capitale de la Colombie, a mis presque en échec le processus de paix dans ce pays qui est le théâtre d’un conflit armé qui dure depuis plus de 50 ans, sans qu’une issue à court ou à moyen terme soit en vu.
Le gouvernement du président Iván Duque a tout de suite profité de cet attentat, qui a été revendiqué par l’ALN, l’Armée de Libération Nationale, pour fermer la porte à un dialogue qui, en réalité, a toujours eu du mal à démarrer.
Depuis sa campagne électorale, Iván Duque, membre du parti Centre Démocratique, d’extrême-droite, s’est montré comme un adversaire farouche de tout type de négociation avec les organisations de guérilla et il a rejeté les accords qu’a signés son prédécesseur, Juan Manuel Santos, avec les FARC-AP, les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie-Armée du Peuple.
La lettre et l’esprit de ces accords ont subi des modifications qui l’ont rendu inopérant, comme l’a dénoncé récemment le leader de la guérilla Iván Màrquez qui a signalé que la décision d’abandonner les armes avant de garantir la réinsertion effective des combattants à la vie civile et politique a été une erreur.
L’attentat de la semaine dernière qui a fait 21 morts y compris l’auteur présumé, et des dizaines de blessés, est l’excuse parfaite pour le gouvernement afin de clore le chapitre des négociations et de réactiver les mandats d’arrêt contre les dirigeants de l’ALN.
Des temps plus agités viennent maintenant dans un pays où la violence est monnaie courante et où elle fait de nombreuses victimes , avec ou sans accords.
C’est ce que démontre l’assassinat de leaders sociaux et d’activistes pour les droits humains. En 2018, plus de 160 dirigeants communautaires ont été tués et l’on estime que depuis la signature des accords avec les FARC-AP, les meurtres sont au nombre de 400 et ils incluent presque une centaine d’anciens combattants de la guérilla.
Cette année n’a pas commencé d’une façon différente, car une dizaine d’activistes ont été tués au cours d’attaques armées depuis début-janvier.
Le chercheur Camilo Bonilla a signalé qu’il s’agit d’une extermination méthodique et sélective. Il a ajouté que quelque chose de similaire est arrivé contre les militants de l’Union Patriotique dans les années 80 et 90 du siècle dernier.
Tout cela est en train de conduire le pays vers une impasse car l’histoire récente démontre que la violence ne résout pas les problèmes les plus graves dont la pauvreté, le dépouillement des paysans de leurs terres par les gros propriétaires fonciers et la prolifération des bandes armées irrégulières.
Il ne faut pas des déclarations plus ou moins tonitruantes n’étant pas suivies d’actions concrètes. Il est temps, je crois, de mettre en pratique les sages propos de Mahatma Gandhi qui a dit qu’il n’y a pas de chemins vers la paix mais que la paix est le chemin.