Alors qu’il semblait que le phénomène des caravanes de migrants centraméricains en direction des États-Unis commençait à perdre de la force, après s’être heurté à l’entonnoir que représentent la ville de Tijuana et le refus catégorique des autorités étasuniennes de satisfaire leurs revendications, tout d’un coup les vagues humaines ont de nouveau commencé avec une grande force.
Ces derniers jours, presque 5000 personnes se sont rassemblées à la frontière entre le Guatemala et le Mexique où l’ont fait un effort pour organiser le chaos, identifier un par un les migrants et leur donner un visa humanitaire leur permettant de traverser ce pays.
Mais le flux ne s’arrête pas et cette fin de semaine des centaines de Honduriens et de Salvadoriens ont commencé à pénétrer en territoire du Guatemala où plusieurs groupes les ont rejoint dans une longue marche qui représente le désespoir des laissés-pour-compte, des défavorisés de toujours, des victimes d’une violence qui ne connaît pas des limites , de ceux qui préfèrent les dangers d’un parcours incertain à l’incertitude d’une vie sans avenir.
Il ne s’agit pas d’aventuriers irresponsables mais d’êtres humains poussés par la pauvreté, abandonnés par des gouvernements incapables d’assurer l’éducation, la santé et les aliments à leurs enfants, du travail à leurs parents, la sécurité à leurs foyers.
La majorité d’entre eux, n’atteindra pas malheureusement ses objectifs comme cela a été le cas de la première caravane qui a commencé vers la mi-octobre et qui a surpris tout le monde en raison des caractéristiques inusuelles de son itinéraire.
La migration centraméricaine vers les États-Unis est liée à des conflits armés qui ont sévit dans cette région durant les années 70 et 80 du siècle dernier.
Elle a été pendant très longtemps un flux invisible, un effort presque individuel mais imparable.
Dans les années 90, ils se sont faits remarquer quand ils ont commencé à voyager sur le dos de la « bête » comme on appelait le chemin de fer qui traverse le Mexique du sud-est vers le Nord.
Comme l’indique le journaliste Jorge Durand, quand ils sont devenus visibles, ils sont devenus aussi vulnérables et ils ont été la cible d’organisations criminelles qui se livrent à la traite de personnes à des fins d’exploitation sexuelle ou au travail ainsi que de fonctionnaires et de policiers corrompus qui les saignaient à blanc.
Pour 2014, selon des statistiques de l’organisation Pew Hispanic Center, citées par Durand, quelque 114 mille migrants centraméricains, c’est-à-dire, entre 10 et 15 mille mensuels, arrivaient aux États-Unis et un tiers d’entre eux étaient des mineurs.
Ce qu’il y a de nouveau maintenant, n’est pas le chiffre, mais le moyen. Ils voyagent en masse et ils exigent l’attention de gouvernements et des médias. Ils demandent à haute voix le respect de leur droit de chercher une vie meilleure. Ils dénoncent les raisons qui les ont mobilisés et les dangers qu’ils courent pendant leur marche.
Il ne s’agit pas, comme le prétend le président des États-Unis, Donald Trump, de délinquants, de trafiquants de drogue, de violeurs ou d’assassins.
Ce qui fait peur au système n’est pas leur condition de migrants mais le fait que, pour la première fois durant des décennies, ils marchent unis, beaucoup en famille et l’on sait très bien que quand on avance en groupe serré, la première chose que l’on perd c’est la peur.