Avec un enthousiasme digne d’une meilleure cause, le gouvernement de la Colombie s’est mis totalement sous les ordres des États-Unis dans la conspiration pour détruire la Révolution Bolivarienne du Venezuela avec le recours à la force si besoin est, ce qui renferme de graves dangers pour la stabilité de toute la région.
Beaucoup pourraient se demander pourquoi un pays qui a souffert des rigueurs de la guerre durant plus d’un demi-siècle, s’apprête maintenant, de façon irresponsable à faire connaître les horreurs d’un conflit armé au territoire d’un pays voisin avec lequel il partage beaucoup de racines historiques, culturelles et sociales.
En ce qui concerne le Venezuela, la Colombie se retrouve dans le cas de la sentence biblique : elle voit la paille dans l’œil du voisin et pas la poutre qui est dans le sien.
Plutôt que s’apprêter à une aventure aux résultats incertains, Bogotá devrait centrer ses efforts sur la solution de ses propres problèmes qui constituent, depuis des décennies , des fléaux pour la population dont la violence et la corruption.
Depuis l’assassinat du leader politique Jorge Eliecer Gaitán, le 9 avril 1948, la confrontation violente n’a pas cessé dans ce pays, surtout après l’installation, une décennie plus tard, du dénommé Front National, un pacte créé entre libéraux et conservateurs pour se relayer au pouvoir et exclure n’importe quelle autre force politique quelle qu’en soit l’idéologie.
La guerre civile commencée après la formation des premières organisations de guérilla a fait jusqu’à présent plus de 230 mille morts, 100 mille disparus et plus de 7 millions de déplacés.
Les accords signés entre le gouvernement et la principale organisation de guérilla, les FARC-AP, les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie-Armée du Peuple, qui avaient pour but de mettre fin à la guerre et d’assurer la réparation des victimes, n’a pas encore pu être appliqué comme prévu.
Toutes les causes qui ont généré le conflit se maintiennent dont la concentration de la terre entre les mains de quelques uns tandis qu’une immense majorité de paysans et d’indiens sont victimes d’une exploitation brutale.
Depuis le début de 2016 jusqu’au 10 janvier de l’année en cours, 566 leaders sociaux ont été assassinés dont plus de la moitié dans des districts qui ont été le théâtre du conflit armé.
La corruption est alarmante. Le Bureau du Contrôleur Général de la République a fait savoir il y a peu que pour cette raison, quelque 16 milliards de dollars se volatilisent chaque année. Ces ressources , bien employées, auraient contribué à réduire la pauvreté dans laquelle est plongée une bonne partie de la population.
Avec ce panorama accablant, que fait le gouvernement colombien à la tête d’une croisade contre le Venezuela ? Une réponse possible est celle que donne Pedro Santana, directeur de la Revue Sud lorsqu’il affirme que le gouvernement du président Iván Duque attise le feu chez autrui pour cacher les problèmes qu’il y a chez lui.
À ce qu’il semble il ne prend pas en considération le fait qu’un incendie au Venezuela fera brûler inévitablement ses voisins, un avertissement pour lequel il n’est jamais trop tard.