La paix n'arrive à pas à se matérialiser en Colombie, où l'on a mis fin à un conflit armé qui a duré plus d'un demi-siècle, mais les enlèvements, les assassinats et les menaces de mort restent le pain quotidien dans ce pays sud-américain où les habitants des zones qui ont été le théâtre des opérations militaires aux temps de la guerre continuent plongés dans l'abandon.
La fragilité de la paix est alarmante. Elle a été obtenue après des années de conversations difficiles entre les FARC-AP, les Forces Armées Révolutionnaires de Colombie-Armée du Peuple devenues parti politique.
Peu de progrès ont été faits depuis la signature de l'accord historique en novembre 2016.
Des nouvelles sont diffusées chaque jour sur de nouveaux assassinats de leaders sociaux et communautaires dans les diverses régions du territoire colombien, des nouvelles qui ébranlent la société comme cela a été le cas de l'assassinat de l'activiste María del Pilar Hurtado devant un de ses quatre enfants.
Et, au milieu de ce panorama, les anciens guérilleros, qui ont respecté l'accord et qui ont abandonné les armes, sont assassinés y compris avec leurs proches.
Ces dernières heures, le parti Force Alternative Révolutionnaire du Commun, a dénoncé l'assassinat de l'ex-guérillero Servio Delio Cuasaluzán, dans le district de Ricaurte, dans le département de Nariño, ce qui porte à 134 le nombre d'anciens guérilleros exterminés depuis la signature de l'accord de paix.
Sur leurs comptes twitter, des dirigeants du Parti Force Alternative ont affirmé que le manque de garanties pour les anciens guérilleros qui ont parié pour la paix est évidente.
Au cours d'une réunion la fin de semaine dernière, le Conseil Politique National des FARC a rendu responsable le gouvernement de la Colombie de la violence politique exercée contre ses adhérents.
Il a souligné que les assassinats systématiques sont une violation flagrante de l'accord négocié à La Havane dans lequel le gouvernement s'est engagé à veiller à la sécurité physique, juridique et sociale des anciens guérilleros après l'abandon des armes.
Ce parti politique issu de la guérilla a signalé que cette violence contre les anciens guérilleros est le résultat d'une campagne de stigmatisation et de haine contre la Force Alternative Révolutionnaire du Commun promue par l'extrême-droite en Colombie.
Le président Iván Duque a lui-même dû reconnaître la fragilité du processus de paix bien qu'il soit d'avis qu'il n'est pas en danger malgré toutes les violations , l'insécurité qui règne dans le pays et bien que la majorité des assassinats soient toujours impunis.
Mais, en plus, les programmes sociaux prévus par l'accord pour le développent économique et social des zones rurales qui étaient jadis le théâtre d'affrontements entre des soldats et des guérilleros n'ont pas non plus été appliqués.
Les Colombiens se demandent où est passée cette paix tellement nécessaire qui a exigé des années de dialogue, d'obtention de consensus des positions et qui semble perdue aujourd'hui. Il faut de toute urgence un engagement réel et véritable de tous car la société en a assez de tant de violence impunie et de pleurer ses morts.