Par: Guillermo Alvarado
Les Espagnols, de même que les autres habitants de la planète, devront longuement méditer quand la pandémie de Covid-19 aura pris fin. Ce fléau a infecté un million et demi de personnes et provoqué la mort de 85 mille dont 14 mille 700 en Espagne.
Ils devront penser, par exemple, à la réponse qu’ils ont reçue de leurs alliés durant les jours amers et obscurs de la maladie, avec leurs hôpitaux pleins à craquer, avec des médecins, des infirmières et des techniciens accablés et avec des morgues et des maisons de pompes funèbres saturées.
Je dis ceci car j’ai eu l’occasion de lire un article de Luis Gonzalo Segura, publié par Rusia Today, dans lequel il raconte comment au moment où le nombre de cas et de décès montaient en flèche, le gouvernement espagnol a eu l’idée de demander de l’aide à l’OTAN, l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord, dont le caractère belliciste est notoire.
Ils demandaient, dit Segura, 150 mille blouses de médecin jetables, 450 mil masques, mille thermomètres, 50 mille tests de réaction en chaîne de polymérase ainsi que des protecteurs pour le visage, des masques chirurgicaux, des gants, des tests rapides et 500 respirateurs mécaniques.
Ce n’était pas une demande chimérique, mais l’OTAN a agi en commerçante et elle a envoyé la note aux 29 membres dont seuls quatre ont répondu : la Turquie, le Luxembourg, la République Tchèque et la Lettonie.
Les États-Unis n’ont rien envoyé bien que depuis qu’il aient assumé la présidence ils font du chantage à leurs partenaires européens afin qu’ils augmentent leur contribution à l’OTAN à l’équivalant de 4% de leur PIB.
Depuis que l’Espagne a commencé à participer à des missions internationales de l’OTAN en 1990 elle a dépensé quelque 17 milliards d’euros dont deux milliards 500 millions ces deux dernières années.
Elle a participé aussi à des opérations d’intérêt particulier pour Washington en Afghanistan et en Irak, entre autres.
Qu’aurait pu faire Madrid avec cet argent dans les circonstances actuelles ? Le gouvernement espagnol a découvert avec amertume que la solidarité de l’OTAN n’est que de la rhétorique. Elle a été conçue pour détruire, pour tuer et pour dépenser de l’argent en armements et non pour sauver des vies.
Quand la pandémie passera, je voudrais bien que les Espagnols réfléchissent au caractère inutile de ce type de structures et pour les aider un peu je cite pour eux ces vers de Léon Felipe : « Et j’ai vu le berceau de l’homme bercé par des contes/les cris d’angoisse de l’homme étouffés par des contes/ les pleurs de l’homme colmatés avec des contes/les os de l’homme enterrés par des contes/ et la peur de l’homme…/ elle a inventé les contes.