La crise humanitaire que vit le Yémen, considérée comme la plus grave du monde actuellement, pourrait s’accentuer encore davantage à cause de la pandémie de Covid-19 qui pourrait dévaster un pays qui manque pratiquement d’infrastructure sanitaire.
Des rapports officiels signalent que jusqu’à la semaine dernière il y avait 256 cas confirmés et seulement 53 décès mais ces données manquent de crédibilité et ne sont prises au sérieux par aucune organisation internationale car il n’y a pas les moyens de dresser des statistiques moyennement fiables.
La guerre commencée en 2015 quand une coalition ayant à sa tête l’Arabie Saoudite, avec l’appui de plusieurs puissances occidentales, a lancé des frappes massives contre les rebelles houtis qui ont expulsé le gouvernement d’ Abd Rabbuh Mansur al-Hadi, a détruit le pays le plus pauvre de la région.
Des hôpitaux, des cliniques, des écoles, des édifices publics et des logements ont été rasés et la population a fui massivement pour sauver sa vie.
Selon l’ONU, il y a 20 millions de personnes qui ont besoin d’aide pour se nourrir, la moitié d’entre elles dans une situation de famine et au moins deux millions d’enfants souffrent de malnutrition chronique. La majorité d’entre eux vivent dans des campements sans conditions hygiéniques adéquates.
C’est dans ces circonstances que s’est déclenchée une forte épidémie de choléra qui affecte encore 1,2 millions de Yéménites. D’autres souffrent de maladies dont la rougeole, la diphtérie, la dengue et le sida.
Le Covid-19 s’acharnera sur cette population extrêmement vulnérable et plusieurs groupes humanitaires estiment qu’en ce moment elle est présente sur tout le territoire mais il n’y a pas moyen de le confirmer à cause du manque d’équipes d’analyses.
Un autre problème qui accompagne la pandémie est la difficulté pour obtenir les fonds nécessaires pour les programmes d’assistance.
L’Onu, l’UNICEF, le Programme Mondial des Aliments et l’Organisation Mondiale de la Santé ont signalé au cours d’une récente conférence de presse qu’ils ont la capacité opérative pour endiguer la crise qui s’approfondit au Yémen mais qu’ils manquent d’argent.
Mark Lowcock, secrétaire général adjoint de l’ONU pour les questions humanitaires a signalé que l’on a besoin cette année d’au moins 2 milliards 400 millions de dollars dont 180 millions pour lutter contre la pandémie.
Pendant ce temps et malgré les appels à décréter une trêve universelle dans les conflits armés, la guerre continue et les civils voient comment, chaque jour, ils s’enfoncent de plus en plus dans un véritable enfer.