Une paix de deuil

Édité par Reynaldo Henquen
2020-07-22 16:11:03

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Par: Guillermo Alvarado

Le Bureau du Défenseur du Peuple a fait savoir que 8 paysans ont été assassinés dans le département de Norte de Santander, en Colombie, un crime qui vient s’ajouter au bain de sang interminable dans ce pays sud-américain où la signature de la paix n’a pas apporté la fin de la violence et de la mort.

Rien que depuis le début de l’année, 152 personnes ont été tuées dont des leaders communautaires, des défenseurs de l’environnement et des droits de l’homme et d’anciens combattants des anciennes Forces Armées Révolutionnaires de Colombie-Armée du Peuple, FARC-AP.

Depuis qu’en novembre 2016 l’on a signé ce que certains appellent la paix, 971 dirigeants populaires et 218 anciens guérilleros ont été abattus, un chiffre qui indique clairement qu’il ne s’agit pas d’actes isolés mais d’un programme d’extermination soigneusement planifié et appliqué. 

Ce climat d’hostilité contre les mouvements sociaux et contre d’anciens guérilleros démobilisés des FARC-AP, s’est renforcé depuis l’accession à la présidence d’Iván Duque, un filleul politique d’Alvaro Uribe, signalé comme un des organisateurs enthousiastes des escadrons de la mort.  

Jusqu’à présent, les autorités ont fermé les yeux face à ce massacre et la majorité des coupables jouissent d’une impunité totale.

Bien que ces faits soient survenus dans 29 des 32 départements de la Colombie, la plupart d’entre eux se concentrent dans 125 districts qui se caractérisent, presque tous, par des niveaux élevés de pauvreté et d’exclusion, ainsi que par la présence de groupes armés irréguliers et de bandes de trafiquant de drogue.

Les lieux les plus critiques se trouvent dans les départements du Cauca, d’Antioquia et de Nariño, selon un rapport élaboré par l’Institut d’Études pour le Développement et la Paix, INDEPAZ, étude qui a pour but de sensibiliser sur ce problème des parlementaires et des secteurs de l’opinion publique colombienne.

La pandémie de Covid-19 et les mesures décrétée pour briser la chaîne de contagion, au lieu de faire diminuer ces assassinats, les ont fait augmenter.

C’est ce que démontre l’étude d’INDEPAZ qui indique que depuis le 6 mars, date à laquelle on a appris l’existence du premier  en Colombie, 95 leaders communautaires ont été assassinés dont 82 après le 23 de ce mois-là quand on a décrété le confinement.

Diverses entités de l’ONU ont exprimé leur préoccupation pour cette chaîne interminable de morts, ce qui n’a pourtant pas inquiété le moins du monde le président Iván Duque qui préfère retourner ses armes contre le Venezuela voisin qu’il accuse avec cynisme de violer les droits de l’Homme. 

C’est le cas typique de celui qui voit la paille dans l’œil du voisin et pas la poutre qui est dans le sien.



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