Par Guillermo Alvarado
Au moment où le Covid-19 frappe durement le Brésil, le président Jaïr Bolsonaro a bougé une pièce prévisible depuis quelques jours et il s’est débarrassé du ministre de la Santé, le général Eduardo Pazuello, l’un de ses hommes de confiance et une nullité totale dans le portefeuille qu’il tenait.
Les critiques contre le militaire ont augmenté depuis que dans la ville de Manaos, beaucoup de personnes sont mortes par manque d’oxygène, malgré que l’on ait annoncé préalablement aux autorités fédérales le manque de ce gaz.
Mais la situation de Pazuello est devenue insoutenable les derniers jours, lorsque le pays est arrivé à 11,6 millions de contagions et les morts ont dépassé 282 milles.
Ce mardi le record de décès a été battu, avec 2 mille 841 en 24 heures et les experts considèrent que bientôt le chiffre atteindra les 3 mille par jours.
Le cardiologue Marcelo Queiroga tiendra désormais le portefeuille de la Santé. Il s’avère le quatrième à occuper ce poste depuis le commencement de la pandémie et avant d’assumer sa responsabilité il a laissé très clair que le changement de ministre n’implique pas une transformation de la politique officielle.
« La politique vient du gouvernement Bolsonaro, et non pas du ministre de la Santé; le ministre de Santé ne fait qu’exécuter la politique du gouvernement » a-t-il textuellement indiqué.
L’achat de plusieurs millions de doses de vaccins a été annoncé et on envisage d’immuniser toute la population avant la fin de l’année.
D’autre part, Pazuello le ministre sortant a dit que de nouvelles mesures seront adoptées, telles que le lavage fréquent des mains, maintenir la distanciation sociale et le port du masque, tout ce que Bolsonaro a refusé de faire pendant tout un an.
Mais de telles mesures signifieraient-elles un changement réel dans la perception de l’exécutif fédéral vis-à-vis du danger de la maladie ? Je crains que non, il n’y a aucun intérêt réel pour la santé et la vie de la population.
C’est plutôt un jeu politique, car tout le monde est conscient que le président désire la réélection en 2022 et soudain, il a trouvé deux obstacles sur le chemin.
L’un deux et peut être le plus important, est la suspension des condamnations contre Luis Inazio Lula da Silva, qui a récupéré ses droits politiques et qui pourrait présenter sa candidature présidentielle avec de grandes probabilités de remporter la victoire.
Le deuxième est qu’au fur et à mesure que la crise sanitaire s’aggrave, la popularité de Bolsonaro baisse. Un sondage de l’entreprise Datafolha publié récemment révèle que 54% des personnes enquêtés qualifient de mauvaise la gestion du gouvernement, 24% la voit comme pas très bonne et seulement 22% la qualifie de bonne.
Il s’agit à mon avis, d’un nouvel exemple de gatopardisme, pratique très bien expliquée par l’écrivain italien Giuseppe Tomasi de Lampedusa qui dit : Si nous voulons que rien ne change, il faut que tout change »