Une étude, menée par des groupes de recherche de deux universités brésiliennes, révèle qu'au cours des dernières décennies, diverses milices en situation irrégulière, véritables armées dans l'ombre, se sont organisées à Rio de Janeiro et dans plusieurs zones métropolitaines.
Le document a été fait grâce à la collaboration entre l'Université fédérale Fluminense et celle de Rio de Janeiro et montre comment un pouvoir caché mais implacable s'est développé contrôlant la vie de millions de personnes, avec l'indifférence ou la complicité des autorités.
Les données ont été publiées en janvier, mais gagnent maintenant en crédibilité dans la presse internationale, en particulier après les menaces du président Jair Bolsonaro de militariser le pays si les gouverneurs persistent à vouloir limiter la mobilité des personnes pour contenir le virus.
La dernière fin de semaine, des groupes de personnes sont descendus dans la rue, sans aucune protection, pour soutenir le Président dans sa supposée croisade pour la liberté de déplacement, qui est la principale cause que le Brésil se trouve au bord du chaos en raison de la crise sanitaire.
Quelque 15 millions de personnes infectées et plus de 400 000 décès sont le résultat de l'entêtement de Bolsonaro.
Beaucoup de ceux qui ont manifesté à Rio de Janeiro sont des membres des milices irrégulières, composées d'anciens policiers ou militaires, de pompiers, de sous-officiers des forces armées, de membres de gangs et même de trafiquants de drogue.
Sa forme de financement est très variée et va de la vente forcée de services de protection aux petites et moyennes entreprises, au contrôle des services essentiels dans les favelas, comme l'eau potable, l'électricité, le gaz ou les transports.
Mais la principale source de ses revenus est, et c’est étonnant, le contrôle du marché immobilier. Dans la partie ouest de la ville et dans plusieurs communes de la région métropolitaine, ces groupes se sont appropriés de nombreux terrains et sont ceux qui gèrent la construction, la location ou la vente de maisons.
Les auteurs du document soulignent que le meurtre de la conseillère Marielle Franco était dû au combat qu'elle a mené contre ces sales affaires.
Pour avoir et maintenir ce pouvoir, les milices comptent sur le soutien de nombreux hommes politiques, parlementaires et conseillers, mais le plus important est qu’elles ont même la sympathie du président Bolsonaro, et on n’ignore si c’est juste cela.
L'enquête cite la plate-forme numérique Pista News, qui affirme que les milices contrôlent 56,8% du territoire de la ville de Rio de Janeiro, où 2,18 millions de personnes, c’est-à-dire un tiers de la population, subit le régime armé de milices.
Bref, une sorte cancer dangereux qui pourrait se propager à travers le pays.