Par Guillermo Alvarado
La population colombienne qui fait des manifestations massives dans tout le pays, a remporté cette semaine une victoire de plus avec ses mobilisations, lorsqu’une commission mixte du Senat et de la Chambre de Députés a archivé une initiative polémique de réforme du système de la santé.
Les protestations ont commencé cela fait 24 jours et au début elles avaient pour but d’obtenir l’abrogation d’une initiative du président du pays, Iván Duque, qui prétendait introduire des changements dans le système fiscal et qui obligerait les classes moyennes et basses à payer plus d’impôts et accorderaient des privilèges fiscaux aux plus riches.
Au lieu de négocier, le pouvoir exécutif a lancé contre la population l’armée, la police et l’effrayant Escadron Mobile anti-émeute, ESMAD, qui ont provoqué plusieurs morts, des blessés, des arrestations arbitraires et des agressions sexuelles, ce qui a radicalisé le mouvement.
Finalement le président a dû retirer le projet fiscal, mais ça n’a pas calmé la colère contre les brutalités policières et l’impunité des forces de l’ordre.
À un moment aussi difficile, le président a eu l’idée folle d’ordonner l’utilisation maximale des forces de l’ordre pour dégager des voies de communication bloquées par les manifestants.
C’est en plein milieu de cette situation tendue que Duque a reçu un nouveau revers lorsque par 27 voix pour, et à peine 5 contre, la reforme de santé a été rejetée, une reforme remise en cause non seulement par les citoyens mais aussi par les médecins du secteur de la santé.
L’initiative avait pour objectif de privatiser l’assistance médicale de la population sous prétexte que secteur privé est mieux préparé pour répondre à l’actuelle urgence sanitaire et à d’autres similaires à l’avenir.
Le nouveau système serait formé par des Entreprises Promotrices de la Santé, EPS, qui sont déjà créés et qui gèreraient les ressources de l’État, mais qui feraient payer leurs services.
L’idée était de préserver celles plus importantes en capacité et d’éliminer les moins développées, pour créer après des entreprises mixtes avec des hôpitaux publics gérés par les municipalités ou les gouvernements locaux, et elles seraient absorbées petit à petit jusqu’à leur privatisation totale.
Des représentants de plusieurs communautés, ainsi que quelques membres de l’organe législatif ont signalé que la santé ne peut être vue comme une affaire, mais comme un droit humain universel et gratuit.
Il s’agit donc, d’une nouvelle victoire du peuple colombien, qui constate comment l’unité et la ferme décision peuvent renverser des politiques néolibérales qui nuisent à leurs intérêts et à leur avenir.