Par María Josefina Arce.
Le 29 mai, les Colombiens se rendront une nouvelle fois aux urnes pour élire un nouveau président. Moins de deux semaines séparent le pays de ce moment important. Aucune trêve n'est en vue dans la violence qui fait chaque jour de nouvelles victimes et oblige des dizaines de milliers de personnes à quitter leur foyer, sans que le gouvernement dirigé par Ivan Duque ne réagisse.
Ces élections s'annoncent donc comme les plus violentes de ces dernières années. Ceci est confirmé par un récent rapport de la Mission d'Observation Electorale.
Le document indique qu'il y a eu une augmentation de 109% des violences préélectorales, par rapport à la campagne précédente de 2018 en Colombie. Les chiffres révélés donnent un total de 581 événements de ce type au cours des derniers mois.
La mission d'observation électorale note que dans les 167 municipalités qui ont voté pour les sièges de la paix lors des élections législatives, se sont concentrées 35 % de toutes les actions violentes de la nation sud-américaine.
À cela s'ajoutent les attaques contre 15 candidats dans ces circonscriptions spéciales, protégées par l'accord de paix signé à La Havane en 2016 entre le gouvernement du président de l'époque, Juan Manuel Santos, et l'ancienne guérilla des FARC-AP, les Forces armées révolutionnaires de Colombie-Armée du peuple. La réalité est que depuis le début de l'année, près de 80 leaders sociaux ont été assassinés, tandis que le nombre d'anciens guérilleros tués a augmenté. Plus de 300 ex-combattants ont été tués, faute de protection de la part du gouvernement du président Iván Duque. Ces personnes se sont engagées en faveur de la paix et de leur pleine réintégration dans la société.
La campagne électorale se déroule au milieu de ce panorama de violence. En effet, au début du mois, le candidat présidentiel Gustavo Petro, du Pacte Historique, coalition de gauche, a suspendu son voyage dans la région caféière, dans le centre du pays, en raison de menaces de mort.
L'équipe de Petro, en tête dans les sondages, a dénoncé l'existence d'un plan d'assassinat le concernant préparé par le groupe paramilitaire La Cordillera, associé au trafic de drogue et aux assassinats par contrat.
Francia Márquez, la colistière de Petro, a également reçu des menaces de mort et des commentaires racistes, soulignant l'absence totale de garanties pendant la campagne.
Cette situation pèse lourdement sur le processus électoral, empêchant les activités des candidats et semant la peur chez les citoyens au moment de voter.
L'absence totale de volonté politique de la part du gouvernement du président Iván Duque de mettre en œuvre l'accord de paix, tant attendu par les Colombiens après des décennies de conflit armé, a entraîné une dangereuse spirale de violence, menaçant le processus électoral et continuant à faire des victimes.