Photo: Prensa Latina
Par Guillermo Alvarado
Ce dimanche la Colombie a fermé la campagne des candidats présidentiels. Cela se produit une semaine avant les élections les plus tendues dont on se souvienne depuis plus de cinquante ans. Mais elles pourraient bien signifier le début de transformations structurelles dans cette nation.
Il s’agit de la première fois où un aspirant de la gauche pourra accéder au gouvernement depuis l’assassinat de Jorge Eliécer Gaitán, survenu le 9 avril 1948, assassinat qui a été magistralement décrit par Gabriel García Márquez dans son livre « Vivir para contarla» (Vivre pour la raconter en français).
En effet, le fantôme de la violence, attisée par la droite conservatrice et néolibérale et les groupes clandestins qui progressent dans le pouvoir politique, a depuis lors survolé la campagne électorale, tel qui s’est passé cette année-là, gravée dans la mémoire de nombreux Colombiens.
Ces forces tentent d’empêcher par tous les moyens que l’ancien guérillero et ex-maire de Bogotá, Gustavo Petro, représentant la coalition Pacte Historique, et en tête des intentions de vote depuis des mois, remporte la victoire.
Le dernier sondage accorde 44% de possibilités à Gustavo Petro, contre 22% à son principal rival, Federico Gutiérrez, d’Equipo por Colombia.
Cet avantage solide encourage les espoirs et les illusions de nombreux citoyens quant à une victoire du Pacte Historique lors du premier tour ce 29 mai, une aspiration lointaine mais non exclue pour le moment.
Le danger est qu’au second tour, prévu le 19 juin si nécessaire, la droite unisse ses forces pour empêcher un changement radical du panorama politique.
En fait, la sale guerre contre Petro a été une constante lors de la campagne et il a récemment dû suspendre une tournée dans la dite « ceinture du café », en raison des menaces de mort à son encontre.
On a également dénoncé les pressions exercées par plusieurs employeurs sur leurs travailleurs pour qu’ils ne votent pas en faveur du Pacte Historique. Le cas le plus grossier concerne Sergio Araújo , l’un des fondateurs du Centre Democratique de droite, d’Álvaro Uribe.
Sur les réseaux sociaux, il a tout simplement déclaré qu’il licencierait tous ses employés qui voteraient en faveur de Gustavo Petro, ce qui a été qualifié de crime par la Mission d’observation électorale.
La semaine prochaine les tensions devraient monter en flèche en Colombie, où de nombreux regards seront posés, certains avec optimisme et espoir et d’autres avec un sombre désespoir.