Par Guillermo Alvarado
Le 30 avril 1975, les forces de libération vietnamiennes entraient à Saïgon, la capitale du régime imposé par les États-Unis où elles avaient occupé les points stratégiques, tels que le Palais Présidentiel, le Ministère de la Défense et même l'ambassade étasunienne.
Ainsi, l'épopée pour l'unification définitive du pays, qui avait été entamée en 1959 prenait fin. Elle avait représenté une défaite écrasante pour la principale puissance économique et militaire de la planète, qui a perdu non seulement le conflit, mais aussi sa morale : la cruauté manifestée par Washington à l'égard d'un petit peuple en quête de liberté l'a discrédité aux yeux du monde entier.
Les États-Unis ont utilisé au Vietnam tout l'arsenal qui existait a l'époque, sauf les armes nucléaires, comme des explosifs à grand pouvoir de destruction, le phosphore blanc, le napalm et des défoliants chimiques, dont les effets font toujours des victimes.
Malgré sa puissance, c'est l'image de l'ambassadeur Graham qui s'est enfui en sautant du toit du siège diplomatique, qui a marqué les générations de Nord-américains, une image très différente de celle que la propagande avait essayé de montrer.
La plupart des spécialistes s'accordent à signaler que la Maison Blanche n'a jamais compris le sens de la guerre qu'elle livrait, encore moins l'essence du peuple et de la culture qu'elle a décidé d'affronter, un peuple prêt à accepter n'importe quel sacrifice, même celui de donner sa vie, sans renoncer jamais à ses principes.
Les Étasuniens sont restés aveugles même après 1968, année au cours de laquelle la guerre a changé de direction suite au siège de la base Ke Sahn, occupée par le Pentagone, et l'offensive du Tet, le nouvel an vietnamien, pendant lequel 38 des 52 capitales provinciales du sud ont été attaquées par les forces indépendantistes.
Ces actions ont démontré que ni les bombardements massifs, ni la destruction de peuples entiers, ni les milliards de dollars dépensés, ni toute la souffrance infligée à la population civile, avait suffi à briser le moral des patriotes vietnamiens.
Au contraire, la Maison Blanche avait honte pour la diffusion des audiovisuels montrant les atrocités commises par ses soldats et ses alliés du sud, tandis que l'opposition au conflit augmentait, un conflit déjà considéré, dans et hors les États-Unis, comme injuste et inutile.
La défaite morale de Washington s'est produite au moins une décennie avant de sa défaite militaire. Il reste encore de nombreuses conclusions à tirer de ces événements.
Au cours de ces 40 ans qui se sont écoulés le Vietnam continue à donner des leçons sur la façon de construire un monde meilleur et une société plus juste et humaine. Même si le grand coût de la guerre est encore en vigueur, aujourd'hui ce peuple héroïque reçoit des expressions d'admiration du monde entier pour sa dignité, son honneur et son courage.