Par Guillermo Alvarado
Les grandes inégalités découlant des guerres, des lois injustes qui régissent le commerce international et des politiques néolibérales, sont le principal moteur des vagues migratoires, dont les expressions les plus dramatiques ont lieu dans la mer Méditerranée ou dans le sud est de l’Asie.
Suite aux deux grandes conflagrations de la première moitié du siècle précédent, les pays pauvres ont été le théâtre, à de rares exceptions, de la plupart des conflits.
Le dénominateur commun de ces guerres de basse ou de moyenne intensité en Amérique Latine, de l’escalade de la violence extraordinaire survenue en Afrique subsaharienne, au Moyen Orient et en Asie, a été la soif démesurée des pays ou des grandes compagnies de s’approprier des ressources naturelles de grande valeur.
Par ailleurs, les puissances ont su s’y prendre pour établir un ordre économique et commercial injuste, dont les versions les plus récentes sont les traités qui donnent aux entreprises transnationales la capacité de juger les États qui ne respectent pas leurs diktats ou qui prétendent défendre les droits des citoyens.
Il s’agit de passer par dessus la souveraineté et les lois nationales en faveur d’une super puissance maniée par des groupes financiers, industriels ou commerciaux.
À cela il faut ajouter que seul 15 % de la population mondiale habite dans les pays développés, alors que le reste se déplace là où elle peut.
Dans ces circonstances, il n’est pas bizarre qu'un nombre croissant de personnes aspirent à un avenir meilleur, qui leur est refusé, un avenir auquel, parfois l’on porte atteinte dans leurs pays d’origine.
Ces vagues successives d’immigrants ne peuvent pas être freinées moyennant des murs, des opérations militaires, des lois ou des mesures anti-immigrants, parce que comme l'indique le professeur espagnol Gerardo González Calvo, il s'agit de personnes qui n’ont rien à perdre.»
La seule solution sensée et possible est de résoudre les problèmes qui sont à l’ origine du phénomène, c’est- à-dire la pauvreté et l’inégalité. Pour cela il faudrait réactiver certains mécanismes qui sont tombés dans l’oubli, tels que l’engagement des puissances à consacrer 0,7 % de leur PIB à des programmes de développement économique et social pour aider les pays pauvres.
Dommage que cela demeure une aspiration, comme le sont aussi la réglementation des actions des transnationales, l'établissement des règles pour effectuer un commerce juste, de même que le transfert des technologies et des connaissances aux pays du Sud.
Au lieu d’y parvenir, l’on insiste sur les traités léonins, comme le Traité de libre commerce de l’Amérique du nord. Faisant montre d'un grand sens d’humour noir, les Mexicains signalent que grâce à ce pacte ils peuvent maintenant exporter des boîtes de conserve et importer de l'automobile, des équipements et des technologies de pointe.
21 ans après la signature de cet accord, le résultat le plus perceptible sont les milliers de personnes qui traversent des déserts dangereux, des rivières et des régions inhabitées en quête du Nord. Ce courant migratoire ressemble plutôt à une démonstration d'instinct de conservation .