Par Guillermo Alvarado
La victoire du Parti d'extrême droite Front National, au premier tour des élections régionales en France se trouve parmi les thèmes les plus médiatisés ces derniers jours, tout comme la course frénétique entreprise par les autres forces politiques en France pour éviter que ce résultat se répète lors du second tour, dimanche prochain.
Même s'il fallait si attendre, nombreux sont ceux qui ont qualifié d'insolite, l'appel du Parti Socialiste, au gouvernement à ses partisans à voter pour son principal rival, le parti Les Républicains fondé par Nicolás Sarkozy, considéré comme l'héritier de l'Union pour un Mouvement Populaire.
L'apogée du Front National, dirigé par Marine Le Pen, n'est rien de nouveau. Ces derniers temps, il a gagné d'importantes élections nationales y compris celles des députés au Parlement Européen. Ce phénomène a plusieurs explications dont il faut tenir compte.
La première d'entre elles est le démantèlement du dit état de bien être par les deux derniers gouvernements, celui de Sarkozy, entre 2007 et 2012 et celui de François Hollande, du PS, qui, tout en navigant sous le pavillon de la gauche a fait un tournant plus à droite que son prédécesseur.
Permettre que le parti Socialiste se présente comme un parti de gauche est une erreur tragique des véritables forces progressistes en France. Ce parti est en réalité un mouvement de centre-droit. Cela crée une confusion chez de nombreuses personnes aussi bien à l'intérieur qu'à l'étranger.
Ainsi, l'élimination des conquêtes historiques sur le plan social et du travail, la hausse des impôts et des prix, le gel des salaires du secteur public, la stagnation de l'économie et la croissance du chômage ont jeté des masses d'ouvriers et de jeunes aux bras du FN. Ils sont à l'heure actuelle leur principale pépinière. Ce n'est pas par hasard que dans la région du Nord Pas de Calais, probablement la plus pauvre et déprimée du pays, le Parti de Le Pen a gagné les élections par une large marge.
Un autre facteur important est que Marine, la fille du fondateur du Front, Jean-Marie Le Pen, un politique d'extrême droite a entrepris depuis plusieurs années une opération de maquillage de ce parti, pour masquer son coté extrémiste et lui donner une allure plus potable aux yeux des Français moyens, sans changer pour autant, les postulats idéologiques du nationalisme, tels la xénophobie et le racisme à leur niveau le plus élevé.
Croire que les attentats du 13 novembre ont été un facteur clé dans la victoire du Front National équivaudrait à ne pas pouvoir voire la forêt à cause des arbres. Quelque chose de bien plus obscur et dangereux est en gestation en France et dans d'autres pays européens, où il y a des millions d'êtres humains frustrés qui ne trouvent pas, dans les partis traditionnels, ne disons pas un espoir, même pas une explication à leur terrible situation.
Ce n'est pas que Marine Le Pen ait la solution, mais elle a eu l'habilité de mettre le doigt dans la plaie et de le crier fort. À l'heure actuelle 43% des travailleurs et 35% des jeunes, les couches les plus affectées par la crise, votent pour elle.
Il faut se rappeler l'histoire. Vous souvenez vous du nom complet du parti d'Adolph Hitler, fondé en 1920, en pleine crise économique, après la Première Guerre Mondiale? Il s'appelait Parti National socialiste Ouvrier Allemand. C'est de cet œuf qu'est né le serpent qui a quasiment dévoré l'Europe et assombri le monde entier.